Il “a été intercepté en Libye, à proximité de la frontière” avec le Tchad, près du Tibesti. “Dans le cadre de la coopération algéro-libyenne en matière sécuritaire et de lutte antiterroriste, le dénommé Amar Saïfi dit “Abderrezak El-Para” a été extradé le mercredi 27 octobre 2004 par les autorités libyennes et remis à la police judiciaire algérienne (…). Amar Saïfi a été intercepté en Libye à proximité de la frontière tchado-libyenne, il est poursuivi en Algérie pour plusieurs crimes terroristes qu'il a commis ou commandités depuis 1992.” Ce communiqué du ministère de l'Intérieur, rendu public jeudi dernier, ne précise pas si les 16 compagnons de l'ex-numéro 2 du Gspc ont été, eux aussi, remis à la police judiciaire. Le groupe était détenu depuis le mois de mars 2004 par les rebelles Toubous du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad, (MDJT) dans une réserve du plateau du Tibesti, au nord du Tchad. Le communiqué n'indique pas non plus comment “Abderrezak El-Para” s'est retrouvé en Libye, à la frontière du Sud-Ouest avec le Tchad, près du Tibesti précisément. Il y a quelques mois, le vice-président du MDJT à l'extérieur, Mahmat Mahdi, déclarait à Liberté avoir proposé au gouvernement algérien de venir chercher les terroristes depuis les bases du mouvement, au Tchad, mais “ne voulant pas transgresser le droit international”, les Algériens “ont demandé de les livrer à la frontière nigérienne, ce qui était impossible”. De son côté, le gouvernement algérien a toujours nié avoir pris langue avec les rebelles, “nous n'avons jamais et n'avons pas l'intention de négocier avec des rebelles”, avaient affirmé, en juillet dernier, le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia et son ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem. Au mois de septembre suivant, le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, avait souligné que, de son point de vue, “Abderrezak El-Para” n'avait plus l'importance qui était la sienne auparavant. L'Etat tchadien dont les Toubous, anciens militaires, combattent justement le régime du président Idris Debby, s'était senti offensé par son homologue du Nord lorsque le même Zerhouni a fait entendre que des discussions avec le mouvement étaient en cours. La convocation de l'ambassadeur d'Algérie à N'Djamena a été suivie d'un démenti formel et officiel. En fin de compte, à la faveur de cette extradition, toutes les parties semblent satisfaites. Les Algériens, au nom de la lutte nationale et mondiale contre le terrorisme international, récupèrent un chef terroriste longtemps recherché. Les rebelles, concentrés sur leur opposition à Idris Debby, se débarrassent d'un personnage qui devenait trop encombrant ; ils doivent juste prêter attention à la mise en garde du Gspc, adressée le 14 octobre via son site Internet. L'Etat du Tchad, désireux de garder ses bonnes relations avec l'Algérie, sauvegarde sa souveraineté et se déleste d'un fardeau qu'il ne peut pas souhaiter avoir sur le dos. La Libye, intermédiaire de l'ombre, aura a priori bien réglé l'équation. Le bon voisinage est important. Le président Abdelaziz Bouteflika l'a rappelé — dans son discours, mercredi dernier à l'Assemblée — au Maroc. Le lendemain au soir, il s'est rendu à Tripoli pour “une visite d'amitié et de concertation”. M. Belkhadem, lui, était, dans le même temps, à Nouakchott dans le cadre du “renforcement des relations bilatérales et des préparatifs du prochain Sommet arabe, prévu à Alger, en mars 2005”. L. B.