“Depuis 1994, le gouvernement a entrepris avec succès une importante consolidation budgétaire, adopté des politiques monétaires et budgétaires prudentes face aux prix fluctuants du pétrole et accompli quelques progrès dans la réforme structurelle”, note un rapport de la Banque mondiale “Stratégie macroéconomique à moyen terme pour l'Algérie : soutenir une croissance plus rapide avec la stabilité économique et sociale” publié en mai 2003, mai jamais rendu public. Pour la première fois dans les deux dernières décennies, l'Algérie connaît maintenant une légère reprise de la croissance avec cinq années consécutives de croissance positive du PIB par habitant. Impulsée par une demande domestique en croissance rapide grâce au Programme de soutien à la relance économique, la croissance du secteur hors hydrocarbures a été revitalisée mais elle demeure insuffisante pour absorber le haut niveau du chômage. Le manque de réponse dans la croissance du secteur non pétrolier indique que le programme est loin d'être terminé. Le non-succès dans la diversification des exportations, la stimulation de l'investissement local et l'attrait de l'investissement direct étranger dans le secteur hors hydrocarbures, explique largement la faible reprise de la croissance depuis le milieu des années 1990. Si l'Algérie avait réalisé une performance de croissance semblable à l'Indonésie (autre pays dépendant du pétrole), le PIB par habitant en dollars constants aurait été de 4 400 dollars, au point que les conditions de vie d'un Algérien moyen auraient été de 60% plus élevées. Selon une estimation empirique plus précise, basée sur les ratios d'investissement, le capital humain, la croissance démographique et le niveau initial de revenu par habitant du pays, le dernier aurait progressé en moyenne d'environ 3,2% par an sur les trois dernières décennies. Toutefois, la croissance réelle au cours de la période 1971-2000 n'a été que de 0,9% par an en moyenne, laissant entendre une “insuffisance de croissance” d'environ 2,3%. L'analyse empirique, note le rapport, montre que cette “croissance manquante à long terme”, s'explique pratiquement par les distorsions de prix relativement importantes de l'Algérie pendant la période de l'économie dirigée, la faiblesse de ses institutions d'appui au marché, les indicateurs de faible capital humain et les risques associés aux chocs extérieurs importants. L'excès de volatilité coûte à l'Algérie près de 0,7 point de pourcentage en croissance annuelle moyenne par habitant, alors qu'une perte de près de 0,4 point de pourcentage peut s'attribuer aux institutions faibles, 0,6 point de pourcentage aux faibles indicateurs de capital humain et 0,1 point de pourcentage aux distorsions des prix (prime du “marché parallèle” sur le taux de change officiel). La performance des institutions de gouvernance est perçue comme étant faible. Pour la qualité des réglementations et la primauté du droit, l'Algérie se classe respectivement dernière et avant-dernière. Le rapport estime que la restructuration des banques publiques algériennes a été coûteuse et comporte toujours des risques. Le coût total de cet assainissement, y compris la recapitalisation des banques en 1996 et la recapitalisation de la Cnep en 1997, s'est élevé à environ 840 milliards de DA. Au total, environ 90% de la dette intérieure de l'Algérie sont composés d'obligations publiques émises pour le rachat des prêts non productifs afin de restaurer la position financière des banques publiques. Un nouveau rachat de prêts non productifs a eu lieu en 2001 pour compléter l'assainissement des bilans des banques publiques. Les créances douteuses ont été échangées contre des obligations du Trésor à long terme, assorties d'une échéance de 20 ans et portant un taux d'intérêt de 6%. Le rachat de prêts non productifs s'est élevé à 346 milliards de DA. Un montant additionnel de 167 milliards de DA a été consacré au rachat de créances douteuses du secteur immobilier détenues par la Cnep, tandis que la consolidation d'opérations antérieures a coûté 224 milliards de DA. M. R.