La conseillère pour la sécurité nationale de Bush, Condoleezza Rice, est pressentie pour succéder à Colin Powell, dont la démission a été annoncée, après 4 ans à la tête de la diplomatie américaine marquée par l'unilatéralisme et les guerres en Afghanistan et en Irak. C'est une grosse perte pour Bush qui avait laissé entendre que son second mandat serait plutôt multilatéraliste, comme l'en conjure la communauté internationale ainsi que la moitié de l'électorat américain qui a voté démocrate. Powell, 67 ans, militaire devenu diplomate après avoir été l'un des architectes militaires de la première guerre du Golfe de 1991 menée par le père de l'actuel locataire de la Maison-Blanche, était considéré comme l'élément pragmatique au sein de la Maison-Blanche où règnent conservateurs et faucons qui entourent le président américain. Powell a, d'ailleurs, été confronté de façon permanente au secrétaire d'Etat à la Défense, le va-t-en-guerre Rumsfeld, ainsi qu'à la conseillère Rice dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle n'est pas du tout pragmatique, et même du vice-président Cheney. Tirant sa révérence, Powell a rappelé qu'il ne faisait qu'appliquer la politique de Bush, pour se dédouaner certainement des mensonges qu'il avait dû faire siens devant le Conseil de sécurité, le 5 février 2003, lorsqu'il s'agissait de présenter des preuves sur de prétendues armes de destruction massives entre les mains de Saddam. Powell avait cherché à se démarquer de cet épisode en critiquant la mauvaise qualité des informations des services du renseignement et il avait laissé aussi transparaître sa lassitude face aux tensions avec les faucons de l'équipe Bush. Le secrétaire d'Etat adjoint, Richard Armitage, numéro deux de la diplomatie américaine, est lui aussi partant, c'est un proche de Powell. La nomination de Rice, qui vient de fêter ses 50 ans, devrait être annoncée officiellement dans les jours à venir. Ce changement à la tête de la diplomatie intervient juste après la réélection de Bush pour un second mandat, alors que Washington fait face à de nombreux dossiers brûlants, dont l'Irak et la nouvelle donne au Proche-Orient après la mort du leader palestinien Yasser Arafat. Deuxième femme à prendre la direction du département d'Etat, après la démocrate Madeleine Allbright, Rice, une universitaire noire qui parle couramment russe, est une conseillère très écoutée de Bush qu'elle suit, pratiquement, partout. Rompue aux dossiers difficiles et aux circonstances exceptionnelles, elle a dirigé le Conseil national de sécurité (NSC), qui coordonne les relations entre la Maison-Blanche, le département d'Etat, celui de la Défense et les services du renseignement, actuellement en pleine réorganisation. Brillante, elle est considérée comme une “conservatrice froide et énergique”. De ce point de vue, il faudrait s'attendre à plus de durcissement dans la politique étrangère de Bush. Mais, dans ce cas de figure, ce n'est pas gagné pour Bush. Le monde a, tout de même, évolué. D. B.