Aujourd'hui, on saura si vraiment Bush est disposé à ouvrir le jeu en Irak. Comme il l'a laissé entendre, après que les américains lui eurent confié un second mandat. La conférence sur l'Irak dans la station balnéaire égyptienne sera l'occasion de le vérifier et de voir, aussi, comment la communauté internationale appréhende Bush II. La réunion, qui rassemble les bailleurs de fonds de la reconstruction de l'Irak, ceux qui étaient pour la guerre et ceux qui avaient été contre, se tient au moment où les divergences entre les Etats-Unis et le reste du monde sont, quelque peu, aplanies sinon mises, délibérément, de côté. L'UE sera représentée à la réunion par les Pays-Bas, actuellement à la tête de l'Union, son représentant pour la politique étrangère, Javier Solana, et la nouvelle commissaire aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner. Mais les quatre pays européens du G8 seront aussi présents. Deux, la France et l'Allemagne, ont mené l'an passé le camp des opposants à la guerre et les deux autres, le Royaume-Uni et l'Italie, sont, au contraire, les deux plus fidèles alliés des Etats-Unis. La conférence de Charm El-Cheikh devrait envoyer un signal que la coalition, dirigée par les Américains, n'est pas seule à croire dans le processus politique en Irak et qu'il a un large soutien, a déjà averti Mme Ferrero. Une façon de rappeler que l'Ue, ce n'est pas que la France et l'Allemagne. Pour Bush, le débat n'a plus raison d'être dès lors que toute la communauté internationale s'était rassemblée au sein de l'Onu pour affirmer son intérêt et son engagement à la transition politique, telle qu'elle a été concoctée par lui. La France, que le Premier ministre irakien, Iyad Allaoui, a accusée de se contenter d'un rôle de “spectateur”, déclare plaider à Charm El-Cheikh pour une transition irakienne “ouverte à toutes les forces politiques et s'inscrivant dans une perspective de retrait des forces étrangères”. Paris, qui a vu son prestige redoré lors de la maladie et de l'inhumation de Yasser Arafat, va certainement saisir l'occasion pour montrer qu'elle peut être un acteur du processus sans avoir de troupes sur le terrain. Les français insistent sur le caractère forcément politique d'une sortie de crise en Irak, alors que les combats continuent à Falloujah et menacent d'éclater dans d'autres villes avec plus de férocité. Chirac s'est voulu apaisant depuis Londres et une source diplomatique allemande a dit, pratiquement, la même chose. Quant aux inconditionnels de Bush, eux aussi font preuve d'ouverture, exigeant de l'Onu un rôle plus important que celui joué actuellement. Invité au sommet de Bruxelles, le 5 novembre, Allaoui, le premier ministre intérimaire de l'Irak, avait appelé les Européens à mettre de côté leurs divisions pour s'engager plus avant dans l'aide à son pays ravagé par la violence. Son message a, apparemment, été reçu cinq sur cinq. Le Club de Paris, qui rassemble les principaux pays créanciers de la planète et que drive Paris, annonce l'effacement de 80% de la dette irakienne. Cette mesure est tombée juste avant la rencontre de Charm El-Cheikh. D. B