Réunis, hier, au siège du Mouvement de la société de la paix (MSP), à Alger, les membres de l'Instance de coordination et de suivi de l'opposition ont estimé que l'absence prolongée du chef de l'Etat aggravait la situation. Ils en veulent pour preuve, entre autres, les Conseils des ministres qui ne se tiennent plus. Abdelaziz Rahabi, membre de l'Instance, a révélé qu'au Maroc, plus de 600 lois ont été votées par le Parlement. En France, a-t-il dit, plus de 1 200 textes ont été entérinés par la Chambre basse. En Algérie, dit-il, "seules 27 lois ont été adoptées par le Parlement". Un fait qui explique "le blocage" de toutes les institutions, induit, selon l'Instance, par l'absence du chef de l'Etat. La réunion à laquelle ont pris part les représentants des partis Ennahda, El-Islah, RCD, MSP, Jil Jadid, PLJ, MM. Benbaïbèche, Noureddine Bahbouh, Ali Yahia Abdenour, Ali Benflis, Ahmed Benbitour, Ahmed Adimi, Mohand-Arezki Ferrad, Nacer Djabi... a aussi examiné la situation à l'aune de cette absence (ou incapacité) du chef de l'Etat et qui confirme, on ne peut plus clairement, la vacance du pouvoir qui a provoqué, selon eux, "un blocage institutionnel" sans précédent qui met le pays "entre les mains de la corruption". Pour Mohand-Arezki Ferrad, "seul un changement des rapports de force" peut contribuer à améliorer la situation. Il a expliqué que le pays vivait au rythme des actions de rue dont le but se résume à "des revendications sociales". Il a plaidé, ainsi, pour des actions "politiques". À l'heure où se tenait la conférence, l'Instance venait de rendre public son appel au peuple algérien à l'occasion du 1er Novembre. Quant à l'interdiction faite à toute manifestation de rue, Ahmed Adhimi, membre de l'Instance, a alerté sur le danger qui guette le pays des suites de cette volonté de contenir la contestation citoyenne par le recours systématique à la répression. "Si la rue n'est pas encadrée, elle devient dangereuse", a-t-il averti. De son côté, Nacer Djabi, sociologue, a traité, quant à lui, des interdictions faites à l'opposition de s'exprimer. Cela est d'autant plus dangereux, estime le sociologue, car "on ne peut faire le reproche de passivité à l'opposition quand elle est obligée de respecter les autorisations". "La vie politique n'est pas faite que d'autorisations", a-t-il dit. L'appel lancé hier par l'Instance de coordination et de suivi de l'opposition est destiné "à alerter le peuple algérien sur la réalité de la situation générale du pays". Cet appel, qui fait partie d'une série d'actions politiques visant à expliciter le projet de la transition, avait été décidé, pour rappel, lors de la première conférence nationale pour la transition démocratique tenue le 10 juin écoulé à Alger, puis confirmé et entériné début octobre. Un des membres de l'Instance a dit regretter que le régime ait dû recourir "au plagiat" pour confectionner le logo des festivités commémoratives du 1er Novembre. Pour précision, le logo utilisé pour cette célébration serait, à l'origine, l'œuvre d'une université de médecine thaïlandaise. M. M.