Les autorités sont plus que jamais édifiées sur les intentions de ces étrangers attirés par les beaux paysages du Sud et qui ne sont pas tous des touristes. Le coup de filet réussi, hier, par les services de sécurité sur le groupe des cinq pseudo-touristes allemands qui se livraient, à l'intérieur même du Parc national du Tassili, à Djanet, au pillage des pièces archéologiques a permis de découvrir le pot aux… ronces. Nos hôtes ne sont finalement pas venus faire du tourisme chez nous mais plutôt pratiquer un terrorisme archéologique en voulant s'approprier des pièces de musée d'une valeur inestimable. Ce fait est sans doute un précédent grave. Les touristes étrangers en direction desquels les autorités algériennes ont toujours manifesté égard et sollicitude, pour lesquels elles ont assuré confort et sécurité, se révèlent plus que jamais sujets à soupçon. En prenant ces ressortissants allemands la main dans le sac, les services de sécurité savent désormais que l'aventure saharienne des étrangers ne se conjugue pas forcément au tourisme et à l'évasion. Elle peut même cacher de l'affairisme. Et quand on sait le soin apporté et les moyens humains et matériels mobilisés par les pouvoirs publics pour rendre le plus agréable possible le séjour de nos hôtes, il est loisible de mesurer l'étendue de l'abus d'hospitalité dont se sont rendus coupables les cinq Allemands. Il n'est qu'à rappeler l'alerte générale déclenchée en Algérie par le triste épisode du Kidnapping l'année dernière des 32 touristes, dont 16 de ce même pays par le groupe d'El-Para. En effet, ce malheureux événement, qui n'a pas encore livré tous ses secrets, avait tenu pendant près de six mois toute l'Algérie en haleine. Les autorités, fortement dérangées par ce coup fourré du chef terroriste du Gspc avaient mobilisé toutes les forces et tous les moyens pour sauver la vie des touristes des mains de leurs ravisseurs. Fatalement, ce rapt, qui avait bénéficié d'une très large médiatisation, s'est répercuté négativement sur les flux touristiques vers le Sud algérien redevenu destination à haut risque. Ceci d'autant plus que cette région ensorcelante par ses paysages pittoresques et ses sites classés patrimoine universel se remettait à peine d'une longue convalescence induite par la décennie noire. Le coup était malheureusement parti et le tourisme du Grand-Sud devait l'accuser malgré une immense opération de charme menée au pas de charge pour convaincre les étrangers de reprendre leur vol vers le Hoggar, le Tassili et l'Assekrem. C'est dire que l'image de marque de l'Algérie en tant que destination touristique fut sérieusement émoussée par la terrible épreuve qu'ont vécue les 16 ressortissants allemands durant leur captivité. Et, curieusement, ce fameux feuilleton a été clos aussitôt après le versement d'une rançon aux terroristes par le gouvernement de Gerhard Shroëder moyennant la libération des otages. Une année après presque jour pour jour, la nouvelle de la disparition des cinq Allemands a fait le tour du monde en un jour. Les dommages d'une telle information ne se sont pas fait attendre. Des sportifs allemands, qui devraient participer au Marathon international des dunes qui se tiendra à Timimoun en décembre prochain, ont signifié hier, à l'organisateur qu'ils ne viendraient pas ! Voilà à quel point un fait divers, un gros mensonge de surcroît, peut ternir l'image d'un pays. Mais à quelque chose malheur est bon : la découverte de ces “touristes-voleurs” peut servir de déclic aux autorités plus que jamais édifiées sur les intentions de ces étrangers qui ne sont pas forcément des touristes. H. M.