Onze prévenus parmi les trente-six personnes arrêtées lors des émeutes qui ont secoué la vallée du M'zab, le 13 octobre dernier, seront appelés aujourd'hui à la barre, a-t-on appris hier de source proche du collectif des avocats de la défense. Selon Me Benissad, les prévenus sont poursuivis pour trois chefs d'inculpation dont “incitation à l'attroupement”, “attroupement” et “atteinte à l'ordre public”. “Je ne vais pas anticiper, mais pour nous, il n'y a pas de preuves matérielles accréditant de telles accusations”, explique l'avocat, joint hier par téléphone. En prison depuis près d'un mois, les prévenus, en dépit de l'optimisme des avocats, ne sont pourtant pas à l'abri d'une condamnation. Pour au moins deux raisons : la première tient aux charges qui pèsent contre eux, et la seconde, à l'empressement de la justice, subordonné au pouvoir politique devant l'éternelle à expédier certaines affaires “jugées” par trop “encombrantes”. Faut-il rappeler dans ce contexte que lors du procès tenu le 19 octobre dernier et qui a vu le passage de 25 prévenus, 11 ont été condamnés à quatre mois de prison ferme. Des condamnations qui avaient suscité la consternation de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh) de Me Ali Yahia Abdenour dont des militants ont été “visés” par les arrestations, et le Front des forces socialistes (FFS) dont des militants également avaient été touchés par la vague d'arrestations opérées au lendemain des émeutes qui avaient éclaté à Ghardaïa. Autant l'organisation de Me Ali Yahia que la formation de Hocine Aït Ahmed avaient dénoncé “les atteintes aux libertés” et avaient accusé les autorités locales d'avoir “géré la situation par la psychose contre la population”. Cependant, en dépit de l'incertitude qui plane sur l'issue du procès d'aujourd'hui, plusieurs membres du conseil national du FFS, des militants venant de Béjaïa et de Tizi Ouzou ainsi que d'Alger vont se déplacer aujourd'hui à Ghardaïa pour “exprimer leur solidarité aux prévenus” mais aussi pour “débattre avec la fédération locale des moyens pacifiques à entreprendre pour encadrer le mouvement de contestation et assister les familles des prévenus”, selon une source proche du parti. La même source indique par ailleurs que le Dr Fekhar, membre du conseil national, arrêté lors du meeting organisé à Aïn Benian, la veille du cinquantenaire du déclenchement de la Révolution, ne sera pas jugé aujourd'hui puisque son affaire relève de la juridiction criminelle. En outre, il est également question de la présence d'un collectif d'avocats dont Me Bouchachi, Me Benissad et Ali Yahia Abdenour. Enfin, il est à noter que les familles des prévenus ont rendu public un communiqué dans lequel elles ont appelé la population à faire preuve de “calme” et de “discipline” lors de la tenue du procès. K. K.