Le continent africain est autant guetté par un trop-plein d'intentions généreuses que par une pauvreté chronique qui a les effets ravageurs d'une pandémie. La réunion au sommet des chefs d'Etat ou de gouvernement des pays membres du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) s'ouvre aujourd'hui à Alger sous la présidence conjointe des présidents Abdelaziz Bouteflika et Olesegun Obasanjo du Nigeria, en sa qualité de président du forum des pays participant au Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (Maep) et du comité pour la mise en œuvre du Nepad. Que l'on se rappelle, seulement, le volontarisme exubérant des premières années de ses indépendances, avec en bout de chemin les désillusions et, souvent, l'engagement dans les voies de l'autodestruction. Et puis est venu il y a trois ans le Nepad, littéralement le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique. Il vise rien moins qu'à mettre en œuvre “un plan global de développement pour sortir le continent de la pauvreté”. Le projet est adoubé par l'Union africaine, l'ex-oua dont le changement de dénomination est dicté par le même objectif d'harmonisation et d'intégration. On aura surtout retenu du Nepad — et de sa mise en œuvre — l'intérêt particulier que lui ont porté dès le départ les grosses cylindrées, économiques et politiques, du continent, avec en tête l'Algérie, l'Afrique du Sud et le Nigeria, trois pays déjà engagés dans des formes de coopération bilatérale et multilatérale à la mesure de leurs grands potentiels économiques. Le Nepad est ambitieux, trop même selon certains observateurs qui voient mal comment concrétiser un objectif de développement à l'échelle continentale, quand les politiques d'intégration régionale, dans l'ensemble, n'ont pas dépassé le stade de vœu pieux. Les défenseurs du projet, eux, tablent sur la nouveauté, un contexte mondial renouvelé, ainsi que les échecs du passé à capitaliser pour au moins empêcher leur réédition. Ce qui a amené à un double changement dans la démarche et la méthodologie. Le Nepad prend appui sur la région géographique, comme domaine d'application, et sur le critère de la “bonne gouvernance” pour l'évaluation et l'appréciation. “Le Nepad, ont retenu dès le départ ses promoteurs, a en effet choisi la région comme espace opératoire plutôt que l'Etat”, en raison des limites objectives que posaient les Etats-nations tels qu'issus de la décolonisation. Ainsi, pour recevoir les projets du Nepad, cinq grandes zones géographiques ont été retenues : l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique du Nord, l'Afrique centrale, l'Afrique de l'Est, et enfin l'Afrique australe et Madagascar. Dix secteurs, correspondant à des besoins prioritaires, ont été fixés pour le développement : agriculture, développement humain, nouvelles technologies de l'information et de la communication, etc. Après trois ans, le Nepad ne s'est pas tellement traduit par des réalisations concrètes. Ses principaux initiateurs se sont surtout efforcés de jouer les “VRP” et de faire un intense travail de “public relations” pour sensibiliser à l'idée les grandes puissances mondiales, comme le G8, et les bailleurs de fonds capables de soutenir financièrement le Nouveau partenariat. D'ailleurs, au mois d'octobre dernier, le président du Sénégal, M. Abdoulaye Wade, s'est montré impatient, lors d'une réunion en Afrique du Sud, en raison du peu de résultats du projet. On peut raisonnablement s'attendre à une prise en charge de cet aspect par le Sommet d'Alger, qui aura à adopter les propositions issues des réunions préparatoires du comité directeur et du Mécanisme d'évaluation par les pairs (Maep). A. H.