"L'éthique et la déontologie ne s'enseignent pas", a prévenu le journaliste français, Alain Rollat. Pourtant, c'est précisément la mission qui lui a été confiée et dont il a exposé les résultats, hier, aux nombreux confrères algériens venus l'écouter au siège du journal Liberté. Cette affirmation souligne la difficulté d'établir un code de la profession, malgré l'existence de certaines règles fondamentales. Après cinquante ans d'une riche carrière bâtie en grande partie au sein du journal Le Monde, c'est désormais en qualité d'expert qu'Alain Rollat exerce sa passion de la profession. Avec Patrick Pépin, un autre grand nom du journalisme français, ils ont été mandatés, en janvier 2013, par la délégation de l'Union européenne à Tunis pour une mission de formation destinée aux médias tunisiens, libyens, algériens et marocains. Objectif : rédiger un code de déontologie et d'éthique de la presse maghrébine. Une démarche qui, rappelle-t-il, répondait d'abord aux préoccupations d'une presse tunisienne nouvellement libérée. C'est donc en collaboration avec plusieurs titres maghrébins, dont El Khabar, El Watan, Le Quotidien d'Oran et Liberté, du côté algérien, et sur la base de leurs récentes publications qu'un travail d'analyse a été engagé. à travers trois séjours d'une dizaine de jours dans chaque pays, les deux experts ont débattu des problématiques liées à l'exercice du métier de journaliste avec les professionnels maghrébins. Venu seul pour présenter les résultats de la mission, Alain Rollat a expliqué que le code de déontologie et d'éthique qu'il propose "n'est pas un texte sacré". Il a appelé les professionnels maghrébins à travailler sur son contenu afin de l'adapter à leur usage. "Nous nous sommes basés sur les textes existants aussi bien en Europe que dans certains pays d'Afrique", a-t-il précisé. Les rapports des deux experts englobent aussi bien les droits et devoirs du journaliste professionnel que des guides de bonnes pratiques, des ébauches de réponses aux questions les plus souvent soulevées ou, encore, des clés de bonne gouvernance. "Lorsqu'on parle d'éthique et de déontologie, les intérêts des éditeurs rejoignent ceux des journalistes car aucun journal ne peut être publié sans journalistes", a-t-il estimé. Alain Rollat s'est montré plutôt optimiste quant aux efforts de professionnalisation du journalisme maghrébin. Citant l'exemple de la Tunisie qui dispose d'un important syndicat de journalistes, il a encouragé la constitution de telles organisations professionnelles pour peser face aux gouvernements et autres pouvoirs économiques."Le journaliste est au service du public", a-t-il rappelé. A H