Le journalisme professionnel, la déontologie et l'éthique journalistique, le journalisme numérique , l'avenir de la presse écrite face aux nouveaux médias électroniques sont les thèmes abordés par Alain Rollat, ancien directeur exécutif du journal français «Le Monde» à l'occasion de son passage au forum du quotidien «Liberté». La déontologie journalistique se caractérise par des devoirs entendus comme des obligations morales, d'ailleurs, les textes déontologiques renvoient au même principe, la vérité et le respect du lecteur et les opinions des autres. Pour le journaliste, la déontologie et l'éthique c'est la même chose. «A travers les écrits et les comportements, nous pouvons mesurer la déontologie.» Le conférencier s'est demandé : «Est-ce que le journaliste accepte les cadeaux, les voyages offerts, et est-ce que c'est loyal d'écouter les portes pour s'emparer de l'information ?». Pour lui, ces questions sont primordiales dans l'exercice du métier. En outre, M. Rollat évoque certaines circonstances où l'accès à l'information n'est pas permis au journaliste, ce qui les contraint à entreprendre des méthodes pour recueillir les informations. Selon le journaliste français, l'essentiel réside dans l'authenticité, la clarté des faits rapportés et la responsabilité sociale. «Pour donner de la valeur à son papier, le journaliste doit expliquer à ses lecteurs la manière avec laquelle il a eu les informations», a-t-il mentionné avant d'ajouter : «Le plus important pour le journal est la confiance qu'il entretient avec ses lecteurs, c'est la règle d'éthique !» Les journalistes sont des acteurs privilégiés et des employés de la démocratie, donc, ils jouissent d'un statut particulier dans la société. «Je n'aime pas les journalistes qui n'autorisent pas la critiques des autres. Il faut qu'ils acceptent qu'on cherche des comptes à ce qui écrivent !» Toute vérité est-elle bonne à dire ? Pour Alain Rollat, toute vérité est bonne à dire, à condition que cette vérité ne nuit pas à sa source. «Ne jamais mettre en péril la vie de ses sources», a-t-il recommandé. Il a précisé aussi que le journaliste peut avoir des sympathises pour certaines personnes, «mais il y a toujours la barrière de la vie privée de la personne». «Le journaliste peut être piégé et cela le rendra suspect au regard de ses lecteurs», a t-il averti. Il a mis en exergue les femmes journalistes auxquelles il conseille «d'éviter les familiarités». Dans son exercice du métier, le journaliste doit prendre des distances entre sa plume et le sujet qu'il traite. «Il faut être capable de ne pas céder à ses émotions», a-t-il insisté. Revenant sur la question du «on» et du «off» recommandés avec certains interlocuteur, il voit que le point de repère est que le journaliste «est au service des lecteurs pas à celui de son patron», il évoque dans ce contexte la notion de l'intérêt public qui selon lui «prime» . «Si vous taisez une information importante et utile, où est l'intérêt public ?» s'interroge-t-il. Pour le journaliste professionnel, la loi déontologique est supérieure à celle législative, et il faudrait se battre pour que les lois législatives permettent une certaine liberté de presse. En parlant de la relation journaliste-homme portique, M. Rollat pense que c'est le journaliste qui fabrique l'homme politique, et cela, en mettant en envergure ses activités et ses propos. Aujourd'hui, à l'ère de l'audiovisuel, «c'est la télé qui fait le politique pas le journaliste», précise-t-il. La première mission dont le journaliste est chargé est de renseigner, expliquer et ensuite commenter. Selon M. Alain, «commenter est une tâche très délicate, dans le le cas où il y aurait mélange entre les faits et le commentaire». D' un autre côté, il plaide pour la comparaison des faits, car selon le conférencier, «cela découle d'un travail de réflexion». La presse et l'internet Selon l'ancien directeur du «Monde», l'internet ne va pas tuer la presse écrite, il a d'ailleurs conseillé les responsables des journaux de se mettre dans le bain, et d'améliorer le contenu de leurs journaux, car «la confrontation qui met la presse écrite en pression nécessite une qualité de contenu qui fera la différence entre les professionnels de l'information et les contrefacteurs». Il a aussi tablé sur l'apport et l'importance de la presse de proximité, en montrant son expérience réussie en France. Il est à noter qu' actuellement, Alain Rollat assure une mission de formation au Maghreb pour le compte de l'Union européenne sur le thème «Déontologie du journalisme : des principes aux pratiques», et prépare une étude basée sur le questionnaire dans la presse maghrébine.