Résumé : Wassila ne voulait pas se bercer d'illusions. Ce que racontait Feriel au sujet de cet homme qui semblait s'intéressait à elle est insensé. Il ne devait même pas connaître son âge. Cependant, Feriel insiste. Wassila devrait au moins accepter de le rencontrer. Question de tâter le terrain. Wassila hésite encore puis se décide : -Heu... Oui... D'accord... mais préviens-moi à l'avance... -Hum... Bien sûr, il faut que tu sois sur ton trente et un à l'heure prévue. -Non... Ce n'est guère pour ça... Je dois prendre les devants pour que Athmane ne passe pas me récupérer ce jour-là au salon. -Tu ferais mieux de mettre fin à cette relation qui ne mène à rien. Athmane ne veut rien faire, et toi tu te languis de lui. Je ne comprends pas ton empressement à répondre aux avances de cet homme. -Le jour où tu tomberas amoureuse d'un homme, Feriel, tu comprendras tout. Personne n'est à l'abri d'un coup de foudre ou d'une relation comme la mienne. La vie peut parfois être injuste mais c'est ainsi, nous ne sommes que des marionnettes à la merci du hasard et du destin. -Tu parles comme un philosophe Wassila... mais jusque-là, je ne sais pas encore si je dois dire à Lyès de passer demain ou le week-end prochain... Wassila se demande si durant le week-end elle ne sera pas trop prise par son travail. Elle garde le silence quelques secondes avant de répondre : -Ni demain ni le week-end prochain... Je préfère le lundi... C'est mon jour de repos, et je ne serais pas trop embarrassée pour sortir. -Très bien. Je dirais à Lyès que tu veux le rencontrer non loin du salon.. -Heu... Non... Pas dans les parages du salon...Je préfère un autre endroit... En face du hammam par exemple. -Pourquoi pas ! -Tu viendras bien sûr... -Si tu y tiens. Mais juste pour vous présenter l'un à l'autre. -Mais... Je... Je ne le connais pas moi... -Moi non plus... Je ne suis qu'un pion sur un échiquier, et le jeu doit te mener à bon port... C'est toi qui est concernée par cette affaire, pas moi. Wassila tire sur une mèche de ses cheveux qu'elle se met à entortiller entre ses doigts : -D'accord... Je le rencontre, on fait connaissance, puis nous verrons ensuite si les choses peuvent aller plus loin. Mais gare à toi si je découvre que cet homme ne cherche qu'une aventure. -Je prends tous les risques là-dessus, Wassila... Wassila raccroche, et s'allonge un moment sur son lit. Feriel voulait l'aider, à coup sûr. Elle aussi était célibataire, mais bien plus jeune qu'elle. Elle aura peut-être l'opportunité de se marier et de fonder un foyer dans les années à venir. Pour le moment, elle semblait plutôt préoccupée par sa relation avec Athmane... Elle n'a pas caché son empressement à la présenter à ce Lyès qui, selon elle, voulait se caser avec une femme mûre. Elle soupire puis se lève et s'approche de la fenêtre. Le parking était plongé dans le noir. Athmane était monté chez lui. Elle revint vers son lit et se met à réfléchir. Feriel avait raison... Trois années sont passées sans que ce dernier daigne prendre une décision concernant leur relation. Elle avait beau insister, se fâcher ou le bouder, il savait toujours revenir vers elle, sans reproches ni remords. Il promettait encore et encore, et tentait de la distraire en la faisant sortir aussi souvent qu'il le pouvait. Elle en avait ras-le-bol de tout ça ! Cette vie de "recluse" qu'elle menait en étant forcée de vivre une liaison dangereuse et clandestine la blessait et l'humiliait. Elle s'approche de la glace qui lui faisait face et s'y contemple un moment. Elle n'était plus de prime jeunesse, certes, mais elle avait encore gardé sa fraîcheur et sa vivacité. Elle savait aussi se mettre en valeur. Même si parfois elle trouvait superflu de se coiffer ou de se maquiller, elle se rendait toujours compte que c'est cet entretien quotidien et régulier qui lui permettait de garder le moral et d'espérer davantage de la vie. Elle soupire encore... Qui est donc ce Lyès ? Comment était-il ? Feriel avait sous-entendu que c'était quelqu'un de bien. Mais le connaissait-elle assez pour s'aventurer ainsi à le défendre et à insister pour qu'elle le rencontre ? Nous verrons, se dit Wassila en quittant sa chambre pour aller rejoindre sa mère dans la cuisine. (À suivre) Y. H.