Des centaines d'étudiants des universités de l'est du pays dont celles de Sétif, Constantine, Annaba et Jijel sont entrés en grève illimitée, hier. Ils ont tenu des sit-in au niveau des campus pour demander le gel de la dernière décision relative à la classification des détenteurs du diplôme de licence (LMD) à l'échelle 12 de la Fonction publique au lieu de la 13. Ils revendiquent également le droit de participer aux concours de recrutement de professeurs organisés par le ministère de l'Education nationale, notamment pour les détenteurs de licence ou de master. Selon des étudiants que nous avons rencontrés à l'université Ferhat-Abbas de Sétif, la dernière déclaration de la ministre de l'Education nationale a choqué l'ensemble de ces derniers. "Ne voient-ils pas que notre avenir professionnel est compromis. Le peu d'espoir que nous avions pour décrocher un poste d'emploi a été tué. Ce n'est pas normal de faire une déclaration pareille. Quel secteur pourra nous embaucher ? Aucun !", nous dira un étudiant en langue arabe. De son côté, le recteur de l'université, qui a indiqué à des représentants des grévistes que le problème était national, a aussitôt ouvert les portes du dialogue tout en en promettant de transmettre leurs préoccupations à la tutelle. À Constantine, ils étaient plus de 40 000 étudiants à avoir bloqué l'accès à tous les départements. À l'instar de leurs camarades de Sétif, ils dénoncent les déclarations de la ministre de l'Education nationale d'exclure les universitaires des concours de recrutement dans le secteur de l'éducation qu'ils soient licenciés ou diplômés en master. Par ailleurs, les étudiants grévistes demandent l'annulation de la dernière décision portant sur la classification de la licence LMD au grade 13 au lieu de 12. À Annaba, le mouvement de grève a été massivement observé par les étudiants de l'institut de langues étrangères (anglais) du campus de Sidi Achour et par ceux des départements de mathématiques, physique et chimie du campus de Sidi Amar, apprend-on de sources proches du rectorat de l'université Badji-Mokhtar. Ces mêmes sources indiquent que les étudiants inscrits dans les autres départements participaient, hier, aux activités liées à la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Même constat au pôle universitaire de Tassoust où des centaines d'étudiants étaient aussi en grève. Ces derniers qui ont refusé de rejoindre les salles de cours et les amphithéâtres ont bloqué tous les accès du campus. Ces derniers qui se disent décidés à aller jusqu'au bout pour faire revenir la ministre de l'Education sur sa décision ont également exigé une équivalence des diplômes du système LMD à ceux du système classique. "Nous voulons être intégrés dans le monde professionnel au même titre que les étudiants du système classique", diront-ils. Par ailleurs, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, dans une démarche visant à calmer les esprits, a précisé hier, sur les ondes de la radio Chaîne I, que la déclaration de Benghebrit a été déformée. Selon lui, le nombre des sortants des ENS (Ecoles nationales supérieures) est insuffisant par rapport à la demande du secteur de l'éducation nationale, et ce dernier, de ce fait, continuera à faire appel aux universitaires. Cependant, il laissera entendre que la préoccupation de la ministre est légitime, car elle aspire à une meilleure formation des professeurs. Le Pr Mohamed Mebarki a même rassuré que son département veillera à ouvrir davantage d'écoles supérieures pour la formation de professeurs. Synthèse Correspondants Est