Résumé : Lyes propose à Wassila une petite sortie mais elle refuse... Elle ne voulait pas brûler les étapes... Il pourrait aussi la prendre pour une fille facile. En fin de compte, Lyes l'invite à monter dans son véhicule... Ils seront bien plus à l'aise pour parler. Il lui avoue que, pour lui, elle n'était pas une étrangère... Elle soupire et se dit qu'elle était en train de se conduire comme une écolière qui suivait les orientations scolaires de son maître d'école. -Il fait chaud, poursuit-il, nous ne sommes pas loin de l'été... -Oui, c'est une période de travail pour nous au salon... -Je sais... Ma sœur est abonnée chez vous... -Je dois la connaître alors. -Certainement, puisque nous avons déjà parlé de toi... -Ah ! Alors je crois que je suis la dernière à être informée sur tes intentions ? -Eh bien, si c'est le cas, c'est tout simplement parce que tu es une femme qu'on n'aborde pas comme ça au coin de la rue. J'ai donc tenté de trouver le moyen de te contacter ou de te faire parvenir un message. -Pourquoi avoir eu recours à Feriel et non à ta sœur alors ? -Heu... Je... Je voulais prendre toutes les initiatives moi-même. Tu connais les femmes et leur jalousie... -Pourquoi parles-tu de jalousie ? Il soupire : -Wassila, j'ai bientôt la cinquantaine. Cela fait des années qu'on m'exhorte à prendre femme... Ma mère se fait bien vieille, et mes sœurs sont toutes mariées... J'ai deux jeunes frères qui sont déjà pères de famille... Il ne reste que moi... -Et pourquoi n'as-tu pas songé à te marier plus tôt ? -Tout simplement parce qu'à chaque fois que je rencontrais une femme, on me mettait des bâtons dans les roues... Soit c'est ma mère qui trouve à redire sur son physique ou sa famille, soit, ce sont mes sœurs qui montent tout un scénario sur le manque de savoir-vivre ou le passé de la fille, etc. J'ai écouté tout ce monde durant quelques années, et je me suis retrouvé au bas d'une échelle de critiques et de contradictions. Alors un jour, j'ai haussé le ton et j'ai juré de ne plus parler mariage avec ma famille... Cependant, devant les pleurs de ma mère qui craignait de me voir finir mes jours en vieux garçon, j'ai promis de prendre femme lorsque je me sentirais prêt à fonder un foyer avec la femme que j'aurais moi-même choisie, et sans demander l'avis de qui que ce soit. Wassila avait écouté attentivement l'homme. Ce dernier se tourne vers elle : -Depuis quelques mois, je fais le guet devant le salon de coiffure. Parfois tu sortais étendre les serviettes devant la porte, et d'autres fois tu allais t'acheter un sandwich ou accompagnais une cliente. Elle le regarde d'un air interrogateur : -Depuis combien de mois ? -Trois mois... Peut-être un peu plus... Une fois, je t'ai suivie... Tu venais de quitter le boulot, et je me suis mis à marcher derrière toi... Tu es alors monté dans le bus, et j'ai fais la même chose. Arrivée à la station, tu as traversé pour prendre la direction opposée... Puis, tu es entrée dans un immeuble de la cité H..., et j'ai compris que tu habitais là. -Tu as fais tout l'itinéraire du salon jusqu'à mon quartier ? -Oui... Je voulais te connaître... J'ai parlé de toi à ma sœur... Elle a fait la moue, et m'a dit que je méritais mieux qu'une coiffeuse qui travaillait dans un salon qui n'était même pas le sien ? Elle sourit : -Ta sœur voulait peut-être demander la main de la patronne. Il rit : -Ta patronne est déjà mariée... Ce n'est pas le cas ? -Elle s'est mariée deux fois, et a divorcé deux fois... Elle est mère de trois enfants. -Charmant... Je vais alors devoir ouvrir tout d'abord une crèche avant de penser à demander sa main. Wassila se met à rire et se détendit : -Tu parles bien, Lyes... Heureux de la voir enfin moins crispée, il rit à son tour : -Merci... -Heu... Et... J'aimerais... J'aimerais savoir pourquoi tu t'intéresses à moi... Il y a plein de filles qui ne demandent qu'à se marier. (À suivre) Y. H.