Alors que le prix du pétrole dégringole, les coûts de production demeurent, eux, très élevés. Une mauvaise conjoncture pour les investissements dans l'industrie pétrolière mondiale. Après la chute du prix du baril, c'est au tour des investissements pétroliers de subir une forte baisse. Selon le cabinet d'études norvégien Rystad Energy, si la tendance baissière des prix du pétrole devait davantage se prolonger, il est fort à parier que les compagnies pétrolières réduiraient leurs investissements dans la prospection et l'exploitation. Les Norvégiens estiment l'éventuel préjudice financier pour l'industrie pétrolière mondiale à hauteur de 150 milliards de dollars. "Tout dépendra de ce que les compagnies pétrolières décideront de faire mais si elles ne développent pas les gisements rentables à partir d'un baril de plus de 80 dollars, 150 milliards de dollars passeront à la trappe", rapporte l'APS qui cite le responsable analyse du cabinet Rystad Energy. Un scénario qui risque fort de se réaliser puisque le prix du baril de Brent est passé, vendredi, à 69 dollars soit, en baisse de près de 40% depuis le mois de juin. Résultat d'une conjoncture entre la hausse du cours du dollar et l'annonce faite, vendredi dernier par l'Arabie saoudite de réduire le prix de son pétrole destiné à l'exportation vers l'Asie et les Etats-Unis, il s'agit là du plus bas niveau de prix atteint depuis juillet 2009. Contrairement au prix du baril qui est en chute libre, les coûts de production de pétrole restent, eux, très élevés. Une équation qui, selon le cabinet norvégien, "obligera les compagnies pétrolières, soucieuses de préserver leurs liquidités, à différer, voire à annuler, la mise en exploitation de certains gisements". Cela est déjà le cas en Norvège où la compagnie pétrolière Statoil "temporise, par exemple, sur le projet de développement de Johan-Castberg, un énorme gisement pétrolier dans l'Arctique dont les réserves sont estimées entre 400 et 600 millions de barils, mais dont la mise en exploitation s'annonce coûteuse", indique la même source. Des choix stratégiques devront donc être faits concernant les gisements les plus coûteux à exploiter. "Tout ce qui a un coût élevé sera vulnérable : l'Arctique, les sables bitumineux et les petits projets en eaux profondes", estime le responsable analyse du cabinet Rystad Energy. "Tous les pays producteurs de pétrole vont souffrir de cette situation", prévient-il encore. À l'exception peut-être des Etats-Unis, pour qui "les coûts de production de l'huile de schiste sont de moins en moins élevés", précise-t-il. Le cabinet norvégien Rystad Energy exclut une remontée des cours du baril dans l'immédiat. "L'offre de pétrole est vraiment surabondante sur le marché aujourd'hui et nous pensons qu'elle le sera davantage au début de l'année prochaine", prédit-il. La demande est donc amenée à fortement baisser. De quoi inquiéter l'Algérie sur ses capacités à maintenir ses parts de marché. A. H.