Le tribunal d'Aflou, localité située à quelque 120 kilomètres au nord de Laghouat, était bondé lors du procès des 32 manifestants, qui s'est déroulé mercredi dernier. Hasard du calendrier, le procès a coïncidé avec la date anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Trois d'entre eux ont été placés sous contrôle judiciaire au lendemain du sit-in, nous indique-t-on. Un collectif d'avocats dont des militants de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), les familles des inculpés et autres curieux sont venus s'enquérir du sort réservé par la justice aux mis en cause dans le rassemblement tenu le 29 mai dernier, devant le siège de la daïra d'Aflou. En dépit des magistrales plaidoiries des avocats de la défense, le procureur de la République a requis une année de prison ferme à l'encontre des prévenus et un dédommagement d'un milliard de centimes à verser solidairement au Trésor public. Les mis en cause sont poursuivis pour attroupement armé, désobéissance, trouble à l'ordre public et violence envers les agents de la force publique, après avoir participé au rassemblement du mois de mai dernier. Le prononcé du verdict est prévu pour le 17 du mois en cours. Pour rappel, à entendre Nasrallah Miloud, un des mis en cause, cette affaire remonte au 29 mai dernier, quand un rassemblement pacifique des chômeurs de la ville d'Aflou avait été violemment dispersé par les forces de police. Cette intervention musclée des forces de l'ordre, qualifiée de "terrible" par Yacine Zaïd, président de la section de Laghouat de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), avait fait trois blessés parmi les manifestants, dont le jeune Nasrallah Miloud, 26 ans qui, atteint en plein visage par une balle en caoutchouc, a perdu définitivement un œil. Joint par téléphone, M. Nasrallah a déclaré qu'il était "de passage devant le siège de la daïra lorsqu'il a reçu un projectile en plein visage". Ainsi, il est passé, paradoxalement, du statut de victime à celui d'accusé. En effet, à l'écouter, "blessé, il est resté longtemps sans soins. Son transfert à l'hôpital n'a pu se faire que 24 heures plus tard". Désormais borgne à vie et sa plainte déposée contre les services de police, il attend en vain, depuis cinq mois déjà, l'ouverture d'une enquête, dit-il, interloqué. A. B.