Le chef de la diplomatie algérienne, M. Ramatane Lamamra, a animé une conférence de presse où il a été question de la crise libyenne, du Sahara occidental et de la réforme de l'ONU. Les travaux du séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique qui se sont déroulés du 9 au 11 décembre à Oran, ont été clôturés par une conférence de presse du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, accompagné, pour cette occasion, par ses deux homologues du Tchad, Moussa Faki Mahamat et de l'Angola, George Rebelo Chikoti. Le chef de la diplomatie algérienne manifestera, tout au long de sa conférence de presse, sa conviction quant à un véritable consensus africain sur les grands dossiers importants qui sont à l'ordre du jour au sein de l'Union africaine (UA) et du Conseil de sécurité (CS) de l'ONU. Ainsi, c'est la situation en Libye qui prendra une place importante, avec la réaffirmation de l'implication, désormais incontournable, "des pays voisins" pour des initiatives visant à un retour à la paix et à la sécurité, mais également pour que les décisions "du CS des Nations unies soient des décisions reflétant les positions de l'Afrique, avec ce principe des solutions africaines pour les problèmes africains", dira le ministre. Et de revenir plus longuement sur la crise en Libye : "Restons dans les faits, la manière dont a été gérée la crise en 2011 n'a pas été conforme à ce que l'UA a souhaité ainsi qu'à la proposition de sortie de crise qu'avaient préconisée les 5 chefs d'Etat africains délégués pour une solution pacifique. Pour l'histoire, l'UA n'a pas failli à ses responsabilités, au contraire." Ramtane Lamamra estimera encore que dorénavant, pour ce qui est de la crise en Libye, il y a bien quelque chose de nouveau, "c'est l'implication et l'engagement des pays voisins de la Libye qui, en 2011, étaient absents". Et de rappeler la multitude de réunions et rencontres de ces pays avec toujours ce souci d'arriver à une solution consensuelle et pacifique. Une position qui sera appuyée par la prise de parole, dans cette conférence de presse, du ministre des Affaires étrangères du Tchad : "Je crois que l'Afrique a pris ses responsabilités. Il y a maintenant l'initiative de l'Algérie depuis le mois de mai ; à mon avis, il faut tenir compte de la réalité, les schémas classiques ne sont pas adaptés à la situation libyenne. Je crois que les pays voisins seront mieux placés pour inter-agir avec les populations." Le ministre tchadien insistera longuement sur l'appui à l'initiative algérienne car répondant aux soucis des pays voisins de trouver les voies et moyens pour pouvoir régler la situation en Libye à l'exemple des négociations intermaliennes. L'autre dossier évoqué à la conférence de presse, et qui aurait fait l'objet d'une présentation lors des travaux à huis clos du séminaire, est celui du Sahara occidental. M. Lamamra a, une fois de plus, tenu à montrer que dans ce dossier, à savoir l'autodétermination des populations du Sahara occidental, il y avait sans conteste un consensus africain, que ce soit au niveau du conseil de la paix et de la sécurité en Afrique, des instances relevant de l'UA et des Nation unies, ou du groupe 3A, c'est-à-dire les pays africains siégeant au sein du CS : "Nous sommes dans une situation d'impasse, Christopher Ross a été empêché de se rendre au Sahara occidental, Kim Balduc n'a pu prendre ses fonctions à la tête de la Minurso, ce sont des faits ! Pour nous — pays africains membres du CS de l'ONU —, il s'agit de redoubler d'effort pour qu'en 2015, l'on puisse permettre de sortir de l'impasse, cela fera 40 ans en 2015 qu'il y a eu l'avis de la Cour internationale de justice relatif à l'autodétermination." Et au chef de la diplomatie algérienne de lancer : "Il faut que la communauté internationale ne cède pas à un effet d'accoutumance aux difficultés, aux obstacles, mais plutôt qu'elle se ressaisisse afin que ce problème, qui a trop duré, trouve une solution démocratique conforme au droit international." Le ministre Lamamra évoquera encore dans ce point de presse la position inchangée de l'Afrique concernant les réformes du CS de l'ONU, à savoir l'accroissement du nombre de sièges permanents pour le continent avec les mêmes prérogatives, c'est-à-dire le droit de veto. D. L