Les milices islamistes de Derna, dans l'est de la Libye, ont annoncé la création d'une coalition, sous la forme d'un Majliss Echoura, pour tenter de résister à une offensive des forces armées gouvernementales de reprendre cette ville qui échappe au contrôle de l'Etat. Cette coalition islamiste explique, dans un communiqué rendu public vendredi, qu'elle vise à empêcher un sort similaire à celui de Benghazi, "sinistrée, ses institutions détruites, maisons démolies, mosquées et universités brûlées", depuis sa prise par les partisans de Haftar. Cela survient, en effet, alors que le gouvernement libyen a annoncé mercredi dernier son intention de lancer une offensive militaire pour reprendre Tripoli, visant à mettre fin à la situation de bipolarité en vigueur en Libye, ou règnent deux gouvernements et deux parlements rivaux. L'un, légaliste issu des élections du 25 juin et siégeant à Tobrouk sous la direction du Premier ministre reconnu par la communauté internationale d'Al-Theni, et son parlement siège sur un ferry grec au large de la ville, en raison du risque d'attentat. Et l'autre à Tripoli, dirigé par une coalition de milices de Fajr Libya. La ville de Derna, transformée en "émirat islamique" et qui accueille régulièrement des combattants étrangers depuis 2011, notamment pour y être entraînés avant d'être envoyés en Irak ou en Syrie, est devenue le fief des partisans du groupe extrémiste Etat islamique (EI), selon des experts. Dans cette ville côtière de 150 000 habitants, située entre Benghazi et la frontière égyptienne, des miliciens islamistes y ont organisé récemment un défilé militaire avec des blindés et des combattants portant des drapeaux noirs. Les Etats-Unis ont récemment exprimé leur "inquiétude" sur la base d'"informations selon lesquelles des factions extrémistes violentes (en Libye) ont prêté allégeance à l'EI et cherché à s'associer à lui", selon le porte-parole du département d'Etat, Jeffrey Rathke. Le Majliss Echoura dont il s'agit a invité dans son communiqué tous les habitants de Derna à rejoindre sa coalition, et s'est adressé aux combattants islamistes de Benghazi leur disant : "Nous sommes avec vous dans la guerre du criminel Haftar et ses soldats." Dans ce contexte, la mission de l'ONU pour la Libye tente toujours de relancer un début de dialogue entre les différentes factions. A. R.