Le parti islamiste Ennahdha a annoncé, officiellement, sa neutralité quant au deuxième tour du scrutin présidentiel prévu pour dimanche 21 décembre. Réuni, samedi, le conseil consultatif (Majless choura) du parti a recommandé la neutralité vis-à-vis des deux candidats Caïd Essebsi et Moncef Marzouki. Ainsi, le parti a donné, encore une fois, libre cours à ses sympathisants d'opter pour le candidat de leur choix tout en tenant compte de l'intérêt supérieur de la nation. Au sein du conseil, les débats étaient rudes, en ce sens qu'une bonne partie des participants préférait l'option Marzouki, option qui n'était un secret pour personne. D'ailleurs, le démissionnaire Hamadi Jébali ainsi que d'autres dont les faucons, Habib Ellouze et Sadek Chourou n'ont jamais caché leur aversion envers le candidat de Nidaa Tounes, Béji Caïd Essibsi. D'ailleurs Hamadi Jébali l'a dit tout haut appelant le "peuple" du parti islamiste à se ranger aux côtés du candidat Marzouki qui, du reste, avait largement bénéficié, au premier tour, de l'électorat islamiste. En sera-t-il de même lors du tour décisif ? En suivant de près les réactions des uns et des autres et les analyses faites sur les plateaux de télévision, on pourrait conclure que le deuxième tour serait un "remake" du premier avec en plus une avance substantielle acquise par le candidat de Nidaa Tounes grâce au soutien de nombreux partis du monde "démocratique", en particulier l'Union patriotique libre (UPL)de Slim Riahi. Ce dernier a même appelé le parti islamiste à le suivre dans son soutien à Béji Caïd Essebsi. Ce soutien est de nature à assurer à Caïd Essebsi une entrée triomphale au palais de Carthage. Toutefois, cette entrée ne serait pas apaisante, comme l'a souligné l'un des sages de la politique tunisienne. En effet, l'ancien ministre de Bourguiba, Ahmed Ben Salah s'est demandé si on pouvait parler de démocratie quand un même parti accapare les pouvoirs législatif et exécutif. Cependant, le pays vit, toujours, à l'heure du terrorisme. Les forces de sécurité et des unités de l'armée sont sur le qui-vive pour prévenir toute action terroriste à la veille du scrutin menacé par d'éventuels coups terroristes. La région montagneuse de Kasserine vit, depuis vendredi soir au rythme d'accrochages entre forces armés et terroristes. Selon le porte-parole du ministère de la Défense nationale, des forces spéciales de l'armée soutenues par des unités du génie militaire poursuivent la traque des terroristes retranchés dans la mont Sammama à l'ouest de la ville de Kasserine. Toujours à propos de sécurité, les citoyens tunisiens sont interdits, à partir, de dimanche, de se rendre en Libye en raison des bombardements effectués par les forces de "Hafter" contre les positions de "Fajr Libya" à une dizaine de kilomètres du poste frontalier de Ras- jédir. D'ailleurs, selon l'agence officielle TAP, les détonations sont entendus dans les villes tunisiennes de Benguerdène et même Zarzis. M. K.