C'est sur des notes de musique andalouse, de fusion flamenco-jazz et de tradition musicale chinoise que s'est ouverte cette manifestation. Beihdja Rahal et l'Ensemble régional d'Alger ont fait rêver le public, Juan Carmona a pris le relais pour le faire voyager, et la troupe Sounds of China l'a entraîné dans une exploration du patrimoine musical de l'Asie orientale. La 9e édition du Festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes (Festivalgérie) s'est ouverte, avant-hier soir, à la salle Ibn Zeydoun. Cette soirée a été marquée par plusieurs escales dans l'univers de la musique, à travers de très belles prestations, qui ont un fort ancrage traditionnel ou qui sont à l'écoute des pulsations et des rythmes du monde. Les artistes ont réussi à faire voyager l'assistance, très nombreuse, dans différents univers musicaux. Et c'est l'Ensemble régional d'Alger, dirigé par Mekdad Zerrouk, qui a été le premier à se produire sur scène, avec un prélude, une touchia dans le mode zidane. L'Ensemble sera rejoint par l'une des divas de la musique andalouse, Beihdja Rahal, qui interprétera la Nouba Mdjenba dans ses différents mouvements. En deuxième partie, c'est l'artiste Juan Carmona qui a assuré le spectacle, en proposant une rencontre réussie entre différents courants musicaux. Guitariste de talent et compositeur créatif, Juan Carmona s'est produit en quartet, et a revisité (avec de nouveaux arrangements) son dernier album Achemya, Latin Grammy Award du meilleur album de l'année et grand prix Musiques du monde de l'académie Charles Cros. Alternant solos et prestations en groupe, l'artiste, accompagné par Bachi à la basse, Bandolero aux percussions et Domingo Patricio à la flûte, a notamment interprété Alchemya, Africando et Sombra en la parede (ombre dans le mur). Bien que sa musique soit construite sur une base flamenco, Juan Carmona, qui a collaboré récemment avec le musicien (également compositeur et arrangeur) algérien Ptit Moh pour une création chaâbi, a proposé au public d'Ibn Zeydoun un voyage exceptionnel dans les rythmes, les sonorités et les cultures. Une musique originale construite au gré de l'errance, "au croisement entre la connaissance profonde des genres et des styles traditionnels et modernité". A sa première source d'inspiration, le flamenco, l'artiste apporte de la couleur, de la nuance, des accents de modernité ou d'altérité, en composant non pas uniquement des pièces musicales mais de véritables tableaux, de l'Andalousie au Maghreb, en passant par la Turquie et jusqu'à Cuba. Il donne au flamenco une dimension et une valeur actuelles. La dernière partie de la soirée a été animée par les six musiciens de la troupe Sounds of China, qui a présenté un programme des plus riches permettant ainsi de découvrir la richesse du patrimoine musical chinois, mais également les instruments traditionnels. Rappelons, enfin, que 14 pays participent à cette 9e édition, en provenance d'Afrique, d'Europe et d'Asie. L'Algérie sera représentée par les Ensembles régionaux (Alger, Constantine et Tlemcen), des associations lauréates de festivals régionaux, des artistes confirmés, et l'Ensemble national algérien de musique andalouse. Festivalgérie rend hommage, cette année, à la chanteuse Seloua. Une soirée dans ce cadre est prévue ce soir, avec un spectacle animé par Nardjès, Imane Sahir et Nesrine Ghennime. Outre les prestations musicales, le festival propose des conférences, un concours de violon alto (candidats âgés entre 12 et 17 ans), ainsi qu'une exposition sur le luth, visible au niveau du hall d'entrée de la salle Ibn Zeydoun.
S. K. Programme à partir de 20h à la salle Ibn Zeydoun (Riadh El-Feth). Entrée libre. Ce soir : Celina da Piedad Quartet (Portugal), Chouyoukh Salatin El Tarab (Syrie), hommage à la chanteuse Seloua (Nardjès, Imane Sahir, Nesrine Ghennime). Demain : La Slam de Tlemcen, Al Rachidia de Kelibia (Tunisie), Lamia Madini (Alger).