Alors que rien ne le laissait prévoir, en raison de la confidentialité absolue des contacts engagés entre les deux pays sous la direction du pape François au Canada, les Etats-Unis et Cuba ont annoncé un rapprochement spectaculaire après des décennies de tensions héritées de le guerre froide. Mieux, Washington et La Havane promettent même le rétablissement de leurs relations diplomatiques et une plus grande coopération économique. "Todos somos américanos" (Nous sommes tous américains) a lancé Barack Obama lors d'une allocution pour rendre public ce rapprochement entre les deux Etats. "Il y a une histoire compliquée entre les Etats-Unis et Cuba (...) mais l'heure est venue d'entamer un nouveau chapitre", avait ajouté le 44e président des Etats-Unis, constatant sans détour l'échec d'un demi-siècle d'isolement du régime communiste. Au même moment, à La Havane, son homologue cubain, Raul Castro, confirmait cette percée historique. Le pape François, personnellement impliqué dans ces négociations menées dans le plus grand secret depuis le printemps 2013, a salué une "décision historique", louant le rapprochement entre les deux pays séparés seulement par les 150 km du détroit de Floride. Perspective longtemps impensable, les Etats-Unis vont par ailleurs ouvrir une ambassade à La Havane "dans les mois à venir". Cette annonce de rapprochement est intervenue quelques heures après la libération d'Alan Gross, un Américain de 65 ans détenu depuis cinq ans à La Havane. Les relations entre Washington et La Havane ont été marquées par une succession d'épisodes tendus depuis le début des années 60. Celui de la baie des Cochons, lorsqu'en avril 1961, près de 1400 exilés cubains entraînés et payés par la CIA ont tenté sans y parvenir de débarquer sur l'île, a marqué les esprits. Les tensions entre les deux pays ont connu leur point d'orgue en octobre 1962, lorsqu'un avion espion américain repère sur l'île des missiles nucléaires soviétiques dirigés vers les Etats-Unis. Le monde se prépare alors à une guerre nucléaire. Mais le 28 octobre, sans consulter Castro, le dirigeant russe Nikita Khrouchtchev cède et accepte le retrait des missiles en échange d'un engagement solennel des Etats-Unis de ne pas envahir Cuba. M. T.