Si les premiers puits d'exploration sont en cours de forage et qu'une première torche a déjà été allumée, les phases de développement et de commercialisation des hydrocarbures de schistes sont encore bien lointaines, car le potentiel reste à prouver, l'expérience s'acquiert lentement et la question des coûts d'exploitation demeure posée. Schiste. Un mot qui fait peur et qui a pour singularité d'attiser le débat à tous les niveaux de la société. Il suffit de prononcer ce simple mot pour que tout un chacun se targue d'une opinion tranchée. Cela va de la plus banale des discussions de salon sur les réseaux sociaux au débat dans plus hautes sphères décisionnelles, qui ont, elles, tranché la question. Ainsi, mercredi 21 mai 2014, sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, le Conseil des ministres approuve le lancement des prospections des schistes. Les Algériens découvrent ahuris que l'Etat autorise l'exploitation des hydrocarbures de schiste dans leur sous-sol. Influencée par les débats à l'international, l'opinion publique est plutôt contre. Le potentiel danger environnemental est pointé du doigt. Mais les experts sont, eux, bien plus modérés à ce sujet et mettent en avant leurs arguments. En effet, il y a eu "de l'eau dans le gaz", en cette année 2014, chez les pétroliers. La production nationale de gaz destiné à l'export est inférieure aux prévisions, alors que la consommation énergétique domestique augmente. Elle est appelée à croître davantage si l'Etat concrétise sa volonté d'industrialisation, car l'industrie ne représente, aujourd'hui, que 5% de la consommation énergétique domestique, contre 60% pour l'usage des particuliers. Quant au contexte international, il n'est guère plus reluisant : chute du prix du brut et baisse de la demande européenne. C'est ce qui s'appelle une année de vaches maigres, et cette tendance baissière, aussi bien celle du prix du brut que celle de la demande internationale, est appelée à durer. "Une à deux années", prédisent les experts. Le prix du baril tournait autour des 100 dollars lorsque la loi a été promulguée. Ce premier pas législatif devait être le prélude nécessaire à l'entame des discussions sur les meilleures façons, pour Sonatrach, de s'engager dans l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels. Il s'agit là d'une technologie qu'elle ne détient pas et dont seuls les Américains ont l'expérience. Le partenariat est donc la voie privilégiée par les experts qui n'envisagent "la mise en exploitation des hydrocarbures de schiste qu'aux horizons 2020 à 2030". Mais cette récente chute des prix du brut a eu pour impact de réduire fortement les investissements pétroliers à travers le monde. Désormais, la question posée est celle de la rentabilité des hydrocarbures de schiste, dont les coûts de production sont de l'ordre de 60 à 80 dollars le baril. En comparaison, le pétrole conventionnel algérien reste rentable même à 30 dollars le baril. Mais à ce prix-là, c'est la facture des importations qui sera impossible à régler. Un dilemme qu'il faudra vite solutionner, car les questions sous-jacentes sont bien celles de la sécurité énergétique du pays et de la nécessité de sortir de la dépendance aux sources d'énergie fossile. A. H.