En guise de cadeau de fin d'année, le gouvernement offre aux citoyens aux revenus modestes le crédit à la consommation. L'Exécutif, en fait, ne veut rater aucunement cette occasion pour tenter d'apaiser le front social en ébullition, déjà, depuis quelques mois. À travers le retour de ce prêt, suspendu depuis 2009, prévu dès le début de l'année en cours, les pouvoirs publics cherchent à effacer l'image d'un pays qui se prépare pour une imminente période d'austérité, induite par la crise du marché pétrolier international. La reprise de ce crédit se veut ainsi un signal fort signifiant la capacité financière de l'Algérie à faire face à la crise économique. Quelles que soient les raisons qui motiveront l'Etat à reprendre cette avance bancaire remboursable, une chose est sûre, une telle opération profitera énormément aux Algériens aux petites bourses. Cependant, les banques n'accorderont ce crédit que pour l'achat de produits fabriqués localement. L'objectif recherché est d'encourager davantage la production nationale. En termes plus clairs, la marchandise issue de l'importation ne doit pas être, en principe, concernée par ce privilège octroyé à cette frange de la population. La mise en place de ce prêt impose toutefois un certain nombre de préalables. Le dispositif doit obéir à certaines conditions d'ordre législatif et organisationnel. Etant jusque-là interdit, conformément à l'article 75 de la loi de finances complémentaire de 2009, un amendement devrait être apporté dans le cadre de la LF de 2015. Un décret devrait être également promulgué en application de l'article 20 de la loi 09-03 sur la protection du consommateur qui définit les conditions d'octroi du crédit à la consommation. L'apport de la centrale des risques à la Banque d'Algérie et la définition des critères d'éligibilité des entreprises et celle des produits sont les autres conditions jugées impératives à la reprise de ce crédit. Des groupes techniques devraient être installés avec les partenaires qui ont travaillé sur ce dossier, notamment l'Association des banques et établissements financiers (Abef), le patronat et l'UGTA. Il est clair que ce crédit sera orienté vers les entreprises pratiquant un taux d'intégration acceptable dans leur production, qui créent une valeur ajoutée et proposent au consommateur un produit de qualité. La voiture Renault Symbol, sortie de l'usine d'Oued Tlélat à Oran, sera considérée comme un produit national et, par conséquent, éligible à ce prêt. Idem pour les articles d'ameublement et l'électroménager, très prisés par les ménages. Cela étant, le débat sera engagé autour du niveau d'intégration qui sera concerné par le crédit. Centrale des risques contre le surendettement des citoyens Le ministère du Commerce propose toujours la définition de la règle d'origine, la plus usuellement appliquée. Un produit ne peut être algérien s'il est totalement importé et ne subit qu'une petite transformation. De par la complexité de la question, le groupe de travail chargé de la protection et de la promotion de la production nationale issu de la tripartite s'est scindé en cinq sous-groupes. Promouvoir et protéger le produit national requièrent un examen approfondi de la situation de l'entreprise, son environnement, le contrôle et la régulation du commerce extérieur. En perspective du retour du crédit à la consommation, la scène économique et la communauté bancaire doivent s'y préparer en mettant en place tous les balisages et les instruments efficients nécessaires. Un des garde-fous est que le crédit contracté ne devrait en aucun cas être supérieur à 40% du salaire mensuel de la personne demandeuse. Par ailleurs, une centrale des risques sera installée par la Banque d'Algérie (BA) et elle aura à établir la liste des personnes qui traînent encore des crédits bancaires. Ces dernières ne peuvent prétendre à de nouveaux prêts. La Banque centrale use de ses prérogatives pour veiller à la sécurité financière s'entend, des particuliers et celle des banques, appelées à octroyer ce type de prêts. La BA a d'ores et déjà lancé, dans ce cadre, un appel d'offres pour la modernisation de sa centrale des risques (CR). Cet outil est considéré comme un élément incontournable dans toute mise en place de crédit à la consommation. Il servira de baromètre qui surveillera le niveau d'endettement des ménages. Une mesure conçue comme une protection contre tout éventuel surendettement que ces derniers peuvent subir. Avec l'abrogation de l'article 87 bis et les augmentations salariales qui s'ensuivront, le travailleur peut enfin se permettre non seulement un meilleur confort chez lui, mais aussi le luxe de se doter d'un véhicule. B. K.