RESUME : Boualem vit dans la crainte que son arme soit utilisée lors d'une agression. Il a aussi peur de se confier à des amis et collègues. En fin de journée, une enveloppe a été laissée à son intention. Boualem tremble, le pire l'attend... “Nous vous avons à l'œil, PERSONNE ne doit savoir. Sinon, nous nous en prendrons à votre femme et à vos parents. Nous prendrons contact avec vous, prochainement.” Boualem la relit pour la énième fois même si, à force, il en a appris chaque mot. Cette lettre anonyme est la dernière chose à laquelle il s'attendait. Depuis la perte de son arme, il avançait dans le flou. Maintenant qu'il sait qu'elle est entre les mains de terroristes, il sent qu'il va en baver. Il ne pourra jamais récupérer son arme et un jour ou l'autre, il n'en aura plus le choix, il devra en informer son chef de service. Il ignore de quoi sera fait son avenir. Il ne tient plus en place tant il est nerveux. Le soir, Nabila le voit tourner en rond, se ronger les ongles quand il ne fume pas. Un fait étonnant malgré la pression qu'il est en train de subir, il n'a pas cherché à boire de l'alcool. — Tu ne vas pas au bar ? lui demande-t-elle. Cela pourrait t'aider à te détendre. — Non, j'ai assez bu comme ça, réplique-t-il. Je veux avoir les idées claires... Si je ne m'étais pas saoulé, je ne serais pas dans ce pétrin, se reproche-t-il. Je crois que je vais le regretter toute ma vie. Nabila hausse une épaule. — Tu as besoin de quelque chose ? lui demande-t-elle. — Non. Pourquoi ? — Je te laisse un moment. J'ai affaire. En fait, elle a été prise de court en le voyant arriver plus tôt que prévu. Elle a pensé qu'après réception de la lettre, il se rendrait au bar comme d'habitude. Mais il est vite rentré, elle n'a pas eu le temps de ramasser les morceaux du journal d'où elle a prélevé chaque lettre, pour composer la lettre anonyme. Elle se presse de tout ramasser et de les mettre à la poubelle. Nabila, rassurée de ne pas avoir été découverte, décide de rincer la vaisselle du goûter. Pour le dîner, elle a des restes du déjeuner mais elle n'a pas faim. Quant à Boualem, elle le voit mal manger. Il est si angoissé qu'il en a mal au ventre. Il ne tient plus en place. Il ne tarde pas à la rejoindre à la cuisine. — Ecoute Nabila, je veux qu'à partir d'aujourd'hui, tu sois très prudente. — Pourquoi ? lui demande-t-elle. Tu crains qu'on ne vienne me tuer avec ton arme ? — Non, je n'y ai jamais pensé mais j'ai vraiment peur. — De quoi ? Ce n'est pas parce que tu as perdu ton arme que notre vie en sera bouleversée, lui dit-elle. Qu'il m'arrivera malheur ! — Cesse de minimiser le drame. Notre vie est bouleversée, insiste-t-il. Et à jamais ! Ce n'est pas sans raison que je te demande d'être prudente. Le danger rôde autour de nous. — Pourquoi es-tu aussi tendu ? — J'angoisse. J'ignore où est mon arme, répond-il. J'ai peur de ce qui pourrait arriver. Nabila s'attend à ce qu'il se confie à elle et lui parle de la lettre anonyme mais rien. Il garde tout pour lui. Elle le sent étouffer. Durant la nuit, elle se lèvera pour l'écouter, soupirer à fendre l'âme. Pour la première fois depuis longtemps, elle va vers lui. Elle sait qu'il a besoin de réconfort. Plus que jamais... (À suivre) A. K.