Résumé : L'appartement de Nabila est aussi passé au peigne fin. L'arme demeure introuvable. Boualem pense à déclarer sa perte, craignant qu'elle ne soit utilisée lors d'une agression. Nabila lui parle d'attendre un peu, trouvant que c'est une mauvaise idée... Boualem suit le conseil de Nabila et décide d'attendre un peu avant de déclarer la perte de son pistolet. Il ignore comment les choses se passeront après. Il les appréhende. Il sent que tout de ce qui adviendra après va bouleverser sa vie. Il n'y aura rien de bon. Il se sent complètement perdu. Au commissariat, il ne prendra pas la relève tout de suite. Habituellement, il porte son arme à la ceinture. Ses collègues vont vite remarquer qu'il n'en a pas. Alors, il demande à un cousin de lui emprunter la sienne. Il doit même le prier. — Juste cet après-midi, lui dit il. — Où est ton arme ? — Je l'ai oubliée chez mes parents, ment-il. Je viendrai t'apporter ton arme, à la fin de mon service... Je t'en prie, je ne peux pas assurer la relève, sans arme. — C'est bon, pour cette fois, dit le cousin en lui remettant la sienne. Boualem, très reconnaissant, s'en va prendre son poste et s'efforcera à paraître souriant. Au fond, il est mort d'inquiétude. Il se rappelle de tout sauf de l'endroit où il a pu laisser son arme. Sa mémoire ne lui a jamais joué de mauvais tour. Même ivre, il n'oublie rien. Pourquoi précisément cette nuit où mon arme a disparu ? se demande-t-il. Quelqu'un me l'a volée... Je n'ai pas pu l'avoir perdue. Non, quelqu'un me l'a sûrement prise. Mais quand ? Le jeune homme n'ose pas confier son problème à ses collègues. Tous allaient le blâmer. Puis ils se méfieraient de lui. Il ne peut que les comprendre. Qui sait s'il ne l'a pas donnée à un terroriste ? Si un crime n'a pas été commis avec ? Qui acceptera de croire qu'il n'en serait pas l'auteur ? Dans ce genre de situation, tous, même ses meilleurs amis douteront de lui, de sa réelle appartenance. Il pourrait activer au sein d'un groupe armé. Il ne pourrait pas prouver le contraire si on le lui demanderait. — Quelque chose ne va pas ? lui demande un collègue. Tu as mauvaise mine, remarque-t-il. Tu es malade ? — Oui… — Si tu te sens très mal, tu peux rentrer chez toi, j'assurerai pour toi, lui propose-t-il. — C'est gentil. Merci beaucoup. Nabila arrive à ce moment, apportant un thermo de café et des gâteaux. Boualem et ses collègues la remercient. — Tu m'excuses, je retourne au salon. — Je ne vais pas tarder à rentrer à la maison, lui dit Boualem. Je t'attendrai là-bas. Nabila lui promet de rentrer tôt. Boualem est heureux qu'elle ait pensé à lui, lui prouvant qu'elle se fait du souci autant que lui. Quand il a fini de prendre du café, il se rend au vestiaire pour se changer. Il n'y tarde pas. Juste cinq minutes. Lorsqu'il retourne au poste pour récupérer le thermo, un collègue lui remet une enveloppe. — C'est un garçon qui vient de la laisser, lui dit-il. Il a demandé après toi et quand je lui ai dit que tu étais en train de te changer, il m'a chargé de te la remettre. — Comment était-il ? — Un garçon de dix ans environ. Tu attendais ce courrier ? — Non. À demain ! Boualem ne l'a pas ouvert devant eux. Il attend d'être loin du commissariat pour le faire. Les mains tremblantes, il déchire l'enveloppe et comme il l'a deviné, c'est une lettre anonyme, avec des lettres coupées dans un journal. Chaque phrase et chaque mot le transpercent. Plus que jamais il a conscience que jamais il ne pourrait lui arriver de pire. (À suivre) A. K.