Contrairement au vœu des chauds partisans de l'intégration économique à l'Europe, la ratification des deux côtés n'a pas été rapide. Dans une hypothèse optimiste, tout sera bouclé en trois ans, soit en 2005. L'Algérie ratifiera l'accord d'association signé le 22 avril 2002 à Valence, en Espagne, au printemps de l'année prochaine. Le Conseil de gouvernement, réuni mercredi passé, en a décidé ainsi. "Le ministère des Affaires étrangères a été chargé par le gouvernement de mettre en route la procédure de ratification de l'accord d'association qui aboutira au Conseil des ministres puis au Parlement dans ses deux Chambres à la prochaine session de printemps", relève le communiqué du Conseil de gouvernement. Une "étude-analyse des impacts macro-économiques et sectoriels de l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne", et dont Liberté s'était déjà fait l'écho, a été réalisée pour le compte d'une administration centrale algérienne par un bureau d'études étranger, Sema-Schlumberger. Cette étude de 76 pages fait ressortir qu'une application immédiate du démantèlement tarifaire aurait un effet dépressif certain : baisse du PIB (1,63%) ; dégradation de la balance commerciale avec l'Union européenne ; baisse générale (5,14%) de l'indice des prix conjuguée à une baisse de la consommation finale des ménages et de l'administration. L'effet dépressif sur la production au niveau sectoriel va affecter sensiblement de nombreux secteurs d'activité. L'impact global en termes d'emplois industriels est assez significatif puisqu'il touche une perte totale estimée à 58 020 emplois. Même si cette estimation est une simple extrapolation de la diminution de la masse salariale, elle reste préoccupante par son ampleur. L'appréhension de cet impact négatif a été souvent soulevée par les entreprises algériennes sans donner lieu jusque-là à une réflexion sur les voies et moyens d'y faire face. Pour le gouvernement, "l'application de cet accord favorisera les règles de la concurrence loyale et de la transparence dans l'économie nationale au bénéfice des opérateurs véritables". La détaxation des semi-produits et matières premières qui sera applicable durant les premières années constituera un atout pour l'industrie locale afin d' améliorer sa productivité, alors que le démantèlement des taxes douanières sur les produits finis sera, quant à lui, étalé. Il est, du reste, important de souligner que la conclusion importante de l'étude est le résultat d'une simulation purement théorique qui appréhende les conséquences d'une application immédiate de l'accord ; en d'autres termes, les autorités économiques disposent d'un délai important pour mettre en place la politique et les instruments qui permettraient à l'économie algérienne de surmonter cet écueil. C'est depuis longtemps la revendication principale des entreprises et, notamment, du Forum des chefs d'entreprise qui considèrent comme indispensable d'appréhender dès à présent toutes les implications potentiellement négatives de cet accord et, ce faisant, de mettre en place les politiques appropriées en vue d'y faire face. Pour rappel, 14 pays de l'Union européenne (sur 15) ont déjà ratifié l'accord. Les 10 nouveaux membres ne sont pas concernés directement par la ratification. Un artifice a été adopté pour permettre la ratification de l'accord par l'ensemble des nouveaux pays. M. R.