"Nous avons des dossiers et nous choisirons le moment pour les rendre publics. Pour l'heure, ce n'est pas à nous de faire le travail de la police ou de la justice. C'est à la justice de s'autosaisir", clament les élus du FFS. Le Front des forces socialistes a réussi, hier, sa première sortie publique à Béjaïa. Les élus du parti, mais aussi des militants ont pris part au rassemblement tenu, hier, en fin de matinée, devant le siège de la wilaya. Un seul mot d'ordre : "Le départ immédiat du wali", qui serait, selon eux, à l'origine du blocage de la wilaya devenue "un grand foyer de tension, de contestations et d'anarchie". Le responsable de la Fédération FFS de Béjaïa et député, M. Boukelal, a expliqué devant une foule nombreuse que depuis l'arrivée du wali de Béjaïa, Hammou Ahmed-Touhami, il y a quatre ans, la wilaya, qui n'avait pas une situation enviable, est désormais à la traîne sur tous les plans. La raison : "On a plus investi dans les manœuvres que dans la bonne gouvernance." Et "s'il y a un responsable à ce blocage, il incombe au premier responsable de la wilaya". Le député Boukelal a rappelé qu'à travers eux, à savoir les élus, c'est toute la population qui s'exprime. Il a affirmé, en outre, qu'aucun projet structurant n'a été lancé depuis l'arrivée du wali. "Ce n'est pas le cas en matière de dilapidation du foncier." Et à ce propos, le FFS exige une commission d'enquête. "Nous avons des dossiers et nous choisirons le moment pour les rendre publics. Pour l'heure, ce n'est pas à nous de faire le travail de la police ou de la justice. C'est à la justice de s'autosaisir." "On a même invité le DRS local à mener son enquête, d'autant que ce wali, qui n'a pas cessé de saisir la justice administrative, a été débouté plus d'une fois." "Soit il ignore la loi, soit il outrepasse ses prérogatives." Le président de l'APW dira, quant à lui, qu'il n'y a que la population qui peut juger l'action des élus. Il a rappelé que l'APW n'est qu'une assemblée de délibération et de contrôle. Les programmes et projets de développement relèvent uniquement de l'administration. "C'est pour dédouaner les vrais responsables que l'on s'agite ainsi", faisant allusion au passage du wali sur la radio Soummam la veille de l'action du FFS, passage durant lequel il aurait situé le blocage de l'APW et des APC il y a 17 ans en arrière, soit depuis les élections locales de 1997 qui ont vu le FFS présider aux destinées de la majorité des communes et de l'APW. "Je peux vous assurer que Béjaïa n'a pas reçu de programme de développement depuis 1962. Que l'on ne nous incombe pas l'échec de l'administration", a répliqué Mohamed Bettache. "Qui est responsable des 27% de consommation du budget ? Ce n'est tout de même pas le FFS. Les projets, on ne fait que les suivre. Où est la transparence ? Béjaïa est à la traîne en matière de logements, d'investissements, de création de PMI-PME, de raccordement au gaz de ville, etc. Nous n'avons pas peur des commissions d'enquête. Je propose que les citoyens soient impliqués à ces commissions. Et je propose une marche pour exiger une commission d'enquête nationale sur les dossiers lourds : foncier, hydraulique, habitat, l'Enpi, le gaz de ville, les CHU, etc. Car il y a risque de fitna dans cette wilaya si la situation devait perdurer." Le député FFS, Rachid Chabati, a rappelé qu'en 2000 et sur la même place, son parti avait dénoncé la mafia du foncier, qui a fait l'objet d'un livre que personne n'a exploité. Aujourd'hui, on dénonce un wali diviseur, diviseur des élus notamment. Il a indiqué qu'en tant que député, il avait interpellé le Premier ministre à l'APN : "J'ai dit que la wilaya est l'objet d'un véritable embargo. Laquelle wilaya a été ensuite clochardisée par un wali et ses relais locaux."Le sénateur Méziani Braham a rappelé durant son intervention : "L'ancien Drag, actuellement muté à Djelfa, a été mis en quarantaine par le wali car il ne voulait pas le suivre dans ses magouilles. Pourquoi est-il parti alors que c'était un fils de famille ?" Abondant dans le même sens, le député Chafaâ Bouaïche dira qu'à l'arrivée du wali à Béjaïa, il a demandé une situation des débits de boissons : "Il n'a pas cherché à connaître où en sont les projets. Qu'est-ce qui n'a pas été lancé ? C'est la situation des débits de boissons qui l'intéresse. Il a pris ensuite des décisions de fermeture de quelques bars. Il s'est avéré que c'était du chantage. Il récupère l'argent ici et à Paris dans le 17e arrondissement plus précisément." M. O.