Les 1 400 congressistes de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) ont procédé, dans la nuit de vendredi à samedi, à l'élection d'un conseil national de 326 membres et d'un secrétariat national de 19 membres. Le secrétaire général devrait être élu vers la fin de ce mois, au cours de la première réunion du conseil. Ce puissant “syndicat” de 120 000 membres a prouvé, au grand dam de quelques-uns de ses adhérents, qu'il demeurait une association d'intérêt protégée et souvent gérée par ses parrains des hautes sphères de décision. Il a prouvé que l'idéal révolutionnaire a, depuis longtemps, cédé le pas aux appétits aiguisés de la pension étatique. Dans ses résolutions, le congrès a demandé, sans détour, le renforcement de tous les privilèges accordés par le régime aux moudjahidine. Priorité dans l'obtention des acquis sociaux (licence taxi et billets d'avion, notamment), l'ouverture de centres de soins régionaux spécialisés, le relèvement de la pension de 25 000 DA à 80 000 DA… Ils passent sous silence, trois jours durant, une question de parfait déshonneur déterrée par leur propre ministère et publiquement assumée par les hauts responsables de l'Etat. Les “faux moudjahidine” étaient peut-être dans la salle du Palais des nations mais le péché ne sera pas avoué, pourquoi donc serait-il pardonné ? Les congressistes, délégués par leurs pairs des wilayas, ont par ailleurs fait montre d'un large esprit d'intolérance, exigeant de fermer définitivement les portes du pays devant les harkis et les pieds-noirs auteurs de crimes abominables ; leur fermer les portes même pour des visites personnelles. Ils avaient pourtant, à l'ouverture de leur congrès, applaudi et salué la décision de leur guide actuel, en l'occurrence le président Abdelaziz Bouteflika, d'étendre ses mesures de détente à une amnistie générale aux contours encore flous. Qu'importe ! La question est de savoir si l'ONM ne vient pas de tenir son dernier congrès. L. B.