Le très attendu discours, prononcé par M. Sellal à la télévision dans la soirée d'hier, a, au contraire, attisé davantage la colère des citoyens qui qualifient ses propos concernant le projet d'exploration de schiste dans leur région, comme "un manque de considération à leur égard". Ils menacent, du coup, de durcir leur mouvement et d'aller vers d'autres actions, à commencer par l'organisation d'une grande marche aujourd'hui même. Dans sa réponse, Abdelkader Bouhafs, membre du collectif citoyen antigaz de schiste, a manifesté sa colère après le discours que venait de prononcer le Premier ministre. Un discours qu'il a qualifié de "pas du tout convaincant et truffé de mensonges". Et d'expliquer : "Sellal a parlé d'une expérience que mènerait en solo la société nationale Sonatrach. Ce qui est archifaux, car le projet d'exploration du gaz de schiste lancé dans la région est mené à la fois par deux sociétés étrangères, à savoir Schlumberger et Halliburton. Ce sont bien ces deux sociétés qui sont en train de mener cette expérience au détriment de notre environnement et de notre santé. Sonatrach n'a aucune expérience dans ce domaine." M. Bouhafs, ingénieur en télécommunication de métier, souligne ainsi que le discours de M. Sellal "ne nous convainc pas du tout, mieux, il donne un deuxième souffle à notre mouvement de protestation". Pour lui, seule une décision du chef de l'Etat prononçant l'arrêt du projet d'exploitation du gaz de schiste est à même de convaincre les citoyens d'In-Salah de mettre fin à leur mouvement de protestation contre cette nouvelle technologie. "Si à la rigueur, ce projet était précédé par un débat national, exclusivement entre Algériens, on aurait peut-être pu concéder au gouvernement de mener cette expérience. Mais, comme cela n'a pas été le cas, car le gouvernement avait décidé unilatéralement d'engager ce projet avec des entreprises étrangères, nous lui disons clairement que nous n'allons pas nous taire avant l'arrêt des forages. Une fois cette décision prise, on doit ouvrir un débat national et mettre en place une instance de gestion du projet d'exploration et/ou d'exploitation de cette alternative énergétique. Sans cette décision, ne nous sommes pas près de reculer ; c'est une question de vie ou de mort", a menacé le militant antigaz de schiste. La même réaction est partagée par l'ensemble des protestataires d'In-Salah qui refusent d'être "les cobayes de cette expérimentation" et que leur région serve de "champ d'essais". F. A.