C'est peut-être la mission de la dernière chance pour tenter de mettre fin à cette situation qui prend des allures de conflits inextricables dans le sud du pays. Comme annoncé dans nos précédentes éditions, une délégation de la présidence de la République est attendue aujourd'hui, à In-Salah. L'information nous été confirmée hier par les représentants du collectif citoyen antigaz de schiste. Ces derniers ont été informés par le biais d'"un intermédiaire local" qui mène depuis quelques jours dans la discrétion la plus totale les négociations entre les autorités et les opposants au gaz de schiste. Il s'agit d'un homme d'affaire "influent" de la région. "Il n'est ni élu ni notable", précise notre source qui déclare respecter le vœu de cette personnalité qui n'aimerait pas dévoiler son identité. Qu'en est-il de celle des émissaires de la Présidence ? Là encore, souligne notre source, aucun nom n'est cité. "L'intermédiaire nous a seulement expliqué que cette délégation sera menée par des proches du président de la République", précise notre source selon laquelle même le lieu de la rencontre n'est pas encore fixé. Les membres de la délégation présidentielle seraient encore partagés entre l'hôtel étatique de la ville et le salon d'honneur de l'aéroport d'où ils comptent regagner Alger, à bord d'un avion spécial, aussitôt le message passé. Le nombre des représentants des citoyens d'In-Salah, que devrait rencontrer cette délégation, est limité à 11 sur les 22 membres composant le collectif citoyen antigaz de schiste. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, sera-t-il de la partie ? Officiellement, rien n'a filtré du Palais du gouvernement. Néanmoins, des fonctionnaires du Premier ministère ont été dépêchés en "éclaireurs", depuis hier à In-Salah, après une journée passée à Tamanrasset. Leur objectif, apprend-on de source bien informée, est de "tâter" le terrain à la veille de la venue de la délégation de la Présidence. Mais la question est de savoir quel message apportera cette délégation ? La présidence de la République est-elle prête à renoncer au projet afin de ramener le calme à In-Salah et dans plusieurs villes du sud du pays ? Va-t-elle désavouer, du coup, le ministre de l'Energie qui persiste à défendre le gaz de schiste ? En tout cas, c'est tout "le mal" que souhaitent les habitants de cette ville mobilisés depuis le lancement du forage d'Ahnet. Leurs représentants restent inflexibles sur cette question. "Seule la fermeture des puits lancés est à même de nous convaincre de mettre fin à notre mouvement", exige Abdelkader Bouhafs, un des membres du collectif citoyen pressenti pour prendre part à la rencontre, aujourd'hui, avec les émissaires de la présidence de la République. "Que le gouvernement sache qu'aucune autre décision que celle d'arrêter le projet des expériences risquées sur le gaz de schiste, que ce soit à In-Salah ou ailleurs en Algérie, ne sera acceptée par les citoyens. Nous exigeons du gouvernement de décréter un moratoire sur ses expériences, le temps de mettre en place une instance de gestion et d'engager un débat national sur la possibilité d'aller ou pas vers l'exploitation du gaz de schiste. Car, si on doit aller vers cette alternative énergétique, cela doit se faire avec le consentement des citoyens, d'où une large concertation de tous les Algériens est indispensable", argumente le même représentant qui n'a pas manqué de relever, au passage, l'ambivalence du discours officiel. Il fait allusion à la dernière déclaration d'Abdelmalek Sellal soutenant que le gouvernement n'aurait jamais parlé d'exploitation du gaz de schiste, alors qu'à l'opposé, le ministre de l'Energie en fait même son cheval de bataille ! La protestation antigaz de schiste s'estompera-t-elle enfin à l'issue de la rencontre aujourd'hui ? Il est encore prématuré de répondre à cette question tant que le flou qui entoure cette rencontre demeure total. F. A.