A 83 ans, tel un volcan qu'on croyait éteint, Kazi Hadj Mahmoud a réussi à faire jaillir des tréfonds de sa tendresse, d'incommensurables trésors enfouis dans la mémoire collective. Pari tenu. Le rêve d'écrire un livre sur Laghouat, sa ville natale, et sur son parcours professionnel grâce auquel il a tissé de fructueuses relations avec les hommes férus d'histoire, d'art et de belles lettres, s'est réalisé. En effet, Kazi Hadj Mahmoud a publié son deuxième livre intitulé Laghouat, dignité et fierté pour l'éternité après le premier intitulé Laghouat, ville belle, rebelle et éternelle, paru en 2011. Un ouvrage dans lequel l'auteur s'est intéressé notamment à l'histoire de sa ville, Laghouat, l'histoire de ses hommes et femmes, des traditions de Laghouat, des Laghouatis, de leur résistance à l'occupation en 1852 et en 1954. Ce livre, déjà sur les étalages des librairies, est agrémenté de photographies en noir et blanc de la cité antique des Maghraouas ainsi que des femmes et des hommes, biographies à l'appui, qui ont marqué l'histoire récente de la région à laquelle il n'a pas caché son attachement profond, rassemblées par ses soins durant ses recherches. L'histoire des rues et quartiers de la ville, la palmeraie de Laghouat, de ses maisons entourées de jardins étaient, entre autres, les thèmes et les souvenirs ressuscités par Kazi Hadj Mahmoud. Une bonne partie de cet ouvrage de 775 pages, a été consacré au grand poète Takhi Abdallah Ben Kerriou, qui a chanté l'amour et Laghouat et qui a été classé parmi les dix plus grands poètes d'Algérie par Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris dans son ouvrage Les 10 plus grands poètes d'Algérie. La coexistence et le respect entre musulmans et juifs ont été incontestables selon l'auteur. "Avant la prise de Laghouat, le 4 décembre 1852, par l'armée française, les juifs vivaient en parfaite harmonie, cohabitation et entente avec les Laghouatis. L'allaitement des enfants des mamans juives et musulmanes se faisait mutuellement. Ce procédé a créé une entente et une amitié franche, loyale et sincère, entre les deux communautés, dont les enfants sont devenus à travers les temps et les générations des frères de lait. Durant les années de disette et de famine les femmes nomades se présentaient journellement au quartier juif Z'gagLihoud, avec leurs bébés pour l'allaitement par des juives qui vivaient à cette époque dans l'aisance et la prospérité", note-t-il dans son ouvrage. Pour rappel, Kazi Hadj Mahmoud est l'un des premiers commis de l'Etat les plus distingués que le tout-Laghouat respecte pour son efficacité et sa prévenance. Pour avoir été, au lendemain du recouvrement de l'indépendance, un des pionniers du processus d'algérianisation de l'administration locale, Mahmoud a réussi à se faire beaucoup d'amis et à tisser un réseau de connaissances notamment plusieurs dizaines de stagiaires de l'Ecole nationale d'administration (ENA) qu'il a eu à encadrer et dont certains ont occupé ou occupent à ce jour, un poste de ministre ou de wali. B. A.