"Les décisions du Conseil ministériel restreint tenu le 27 janvier 2015, quant aux protestations de nos concitoyens à In-Salah contre l'exploitation du gaz de schiste, resteront dans nos annales politiques comme un modèle parfait de non-gouvernance." L'ex-candidat à l'élection présidentielle, Ali Benflis, aujourd'hui à la tête du Pôle des forces du changement, considère que les remèdes préconisés par l'Exécutif, lors du dernier Conseil ministériel restreint, pour résoudre la crise au sud du pays marqué par une contestation inédite contre l'exploration du gaz de schiste, révèlent une grave carence de la gouvernance, conséquence d'un régime disqualifié et en faillite. "Le communiqué du Conseil ministériel restreint n'est significatif de rien d'autre que de l'état de dégradation avancée et dangereuse auquel est parvenu un régime politique dont l'illégitimité, la perte de crédibilité, l'inaction et le désarroi prennent de jour en jour les proportions d'une véritable menace à l'existence de l'Etat national. Les fondations mêmes de notre Etat national sont désormais mises régulièrement à rude épreuve par un sommet de l'Etat vacant qui condamne le gouvernement à la léthargie et jette son propre discrédit et sa propre disqualification sur l'ensemble des autres institutions de l'Etat", écrit Benflis dans un communiqué rendu public hier. "Ce communiqué, dont la teneur est d'une incohérence et d'une légèreté sans précédent, croit pouvoir ramener le véritable foyer de tension qu'est devenu l'ensemble du sud de notre pays et en particulier In-Salah à un simple et banal malentendu", observe Benflis. Or, selon lui, "une telle lecture est d'abord inquiétante en ce qu'elle révèle que nos gouvernants n'ont pas pris la véritable mesure de la gravité de ce foyer de tension qu'ils ont eux-mêmes créé". "Cette lecture est également inquiétante parce que ses auteurs pensent ainsi traiter les manifestations de ce foyer de tension et se dispenser de prendre en charge ses causes véritables. Cette lecture est enfin affligeante car des autorités politiques diligentes, vigilantes et performantes ne prennent pas près d'un mois pour procéder au règlement d'un malentendu d'une telle insignifiance, s'il en était réellement un", ajoute-t-il. Rappelant qu'à l'inverse des déclarations du gouvernement qui évoque simplement "une expérimentation" alors que le Conseil des ministres de mai 2014 avait donné son feu vert à l'exploration et à l'exploitation du gaz de schiste, Ali Benflis critique également le nouveau découpage administratif qui ne répond pas, selon lui, à la nature de la crise. "En réduisant les crises et les tensions qui sont apparues dernièrement dans tout le sud du pays et en particulier à In-Salah à une problématique d'encadrement administratif, le gouvernement a manqué, encore une fois, l'occasion d'en tirer les enseignements réels. Ces crises et ces tensions ont été, essentiellement, les révélateurs des conséquences inévitables de la citoyenneté méprisée, du dialogue social rompu, des médiations politiques et sociales clientélistes ayant pris le pas sur les médiations représentatives et légitimes, de l'unilatéralisme et de l'autoritarisme érigés en mode de gestion de la collectivité nationale et de la perte de la crédibilité et de la confiance de l'Etat auprès des citoyens", conclut le texte. K. K.