Triste semaine pour la littérature ! André Brink, Assia Djebar... Tous deux disparus pour nous laisser à présent seuls face à leurs si immenses œuvres. Seuls et perdus en somme face à cette perte inestimable de phares importants de la fiction romanesque et de ce talent pur d'écrire le monde. Rendre hommage à Assia Djebar, ce n'est pas seulement évoquer la perte et le chagrin, c'est rendre compte d'une dette conséquente qu'elle nous lègue. Au-delà de son œuvre importante, c'est tout le don qu'elle a fait à l'Algérie et la passion qu'elle a eue de lui rendre hommage inlassablement par ses langues et ses mots. La langue de "soie/soi" d'Assia Djebar a réussi à déployer le chant des noubas des femmes algériennes au-delà du Chenoua, au-delà des frontières. Femme de lettres, femme de culture, femme algérienne, Assia Djebar est avant tout une figure tutélaire pour toute l'Algérie qui voit en elle sa plus fidèle ambassadrice. Je n'ai que de mots en vérité pour dire ce que je ressens aujourd'hui face à sa perte. Peut-être, seulement, à mon modeste niveau, rappeler l'importance qu'elle a eue dans mon parcours et comment découvrir son œuvre a été une étape décisive dans mes jeunes années. En définitive, c'est à nous que revient le devoir de perpétuer son œuvre et de poursuivre la nouba pour qu'elle ne s'épuise pas, ne s'essouffle pas. Pour cela, il faut la lire, la relire et la faire lire et répéter encore et toujours tout ce que la littérature tant algérienne que mondiale lui doit. La lire pour ne pas la faire mourir une seconde fois. L.-N. T. *Doctorant Lyon 2 Sorbonne, membre associé au CRASC. Enseignante invitée à l'université de Blida.