Résumé : Maria avait tout pour être heureuse, une situation professionnelle enviable, un foyer que jalousaient ses voisines. Mais son amour impossible est pareil à une torture. Elle ne se remettait pas de cette journée d'adieux. Son cœur battait encore pour Yahia... Maria ne put rien avaler des restes du déjeuner qui se trouvait au frigo. Elle passa une nuit affreuse. Elle ne trouva même pas de répit dans son sommeil. Yahia était là, il la narguait avec son sourire. Elle pleura longtemps. Le jour était levé depuis longtemps quand elle décida de sécher ses larmes. Il fallait qu'elle retrouve son calme. Elle ne voulait pas que ses collègues de travail lui posent des questions. Personne n'était au courant, et pourquoi le sauraient-ils maintenant que Yahia était décidé à mettre un point à cette longue page où était relaté leur amour sans perspective d'avenir ? Ce qu'elle avait toujours apprécié en lui avait été sa franchise. Jamais il ne lui avait promis de régulariser leur situation, il lui avait toujours dit qu'il laisserait comme souvenir une belle image de lui. Il n'avait jamais voulu profiter d'elle. Quand ils avaient souvent passé la nuit ensemble, il l'avait toujours avertie. Elle ne devait s'attendre à rien d'autre. Il l'aimait certes, mais quelque chose de plus fort que leur amour l'empêchait, le retenait quelque part de se stabiliser. Maria se prépara un peu de café qu'elle prit dans le salon. Elle était heureuse que sa mère et sa sœur ne fussent plus de ce monde. Elles auraient souffert avec elle. Peut-être que sa mère n'aurait pas apprécié le fait qu'elle ait eu une relation avec un homme qui s'était refusé depuis le début à s'engager... Peut-être que si elle n'avait pas été seule, Maria aurait été différente, en ayant des comptes à rendre à sa mère, à son père. Mais ce dernier vivait en Allemagne avec sa dernière épouse, une jeune Japonaise, et depuis près de quinze ans il n'avait plus remis les pieds au pays, même quand il apprit la mort tragique de sa femme et de sa fille dans un accident de la circulation. Il avait seulement envoyé un courrier pour demander à son frère de prendre soin des filles. Sans plus... Elle se serait certainement retrouvée dans la rue si son oncle n'avait pas été un homme juste, puisque, à sa mort, elle n'hérita pas d'une chambre dans la villa où il avait cohabité avec son frère, mais tout simplement d'un petit appartement dans un quartier chic d'Alger. Maria partait rarement voir ses cousins. Ils étaient mariés et leurs femmes n'appréciaient pas ses visites. à la longue, elle avait rompu avec eux. Pas même un appel. Comme elle faisait des études en économie et qu'elle venait de rencontrer Yahia qui préparait alors sa licence en mathématiques, Maria ne ressentait pas le besoin d'être entourée, d'avoir une famille. Ses études et Yahia avaient suffi pour combler tous les vides, ce qui n'était plus le cas maintenant. Elle aurait voulu avoir un être à ses côtés, pas seulement des murs pour être témoins de sa douleur, de la peine qui étreignait son pauvre cœur. Mais à qui raconter ? à part quelques collègues avec qui elle riait souvent, elle n'avait pas quelqu'un à qui se confier sans être jugée, sans provoquer le ricanement de certains. Tous la connaissant sérieuse, très sévère aussi, avec des principes bien moyenâgeux, dirait l'autre, qu'ils tomberaient des nues s'ils apprenaient qu'elle avait un ami, qu'elle avait fréquenté et aimé au point d'avoir tout donné, sans rien recevoir en retour, d'avoir attendu dix années pour être "plaquée" par la suite. Pour la énième fois, Maria éclate en sanglots. Elle ne méritait pas de souffrir. Comme pour se consoler, elle se dit que Yahia était indigne de son amour. Sachant qu'elle n'aurait pas la force de retenir ses larmes aujourd'hui, elle décida d'appeler son responsable pour le prévenir. Elle ne partira pas travailler jusqu'à la semaine prochaine. Elle se donnait trois jours pour se remettre de sa rupture, et chose plus difficile, de lui trouver des défauts, pour le détester et pourquoi pas le haïr... (À suivre) A. K.