Des rapports d'agents de la CIA mettent en garde contre la détérioration de la situation en Irak et prédisent une flambée de violence d'ici le rendez-vous électoral. Une amélioration des conditions sécuritaires en Irak est exclue, selon le dernier rapport fourni à la fin du mois dernier par le chef de station de la CIA à Bagdad. Pis, cet agent du renseignement américain s'attend à une recrudescence de la violence d'ici la date de la tenue des élections générales en Irak, le 30 janvier 2005. Il fait le constat d'un accroissement de confrontations interethniques, pouvant conduire à une véritable guerre civile tant redoutée par l'Administration Bush. Ce compte rendu, rapporté par le New York Times, est jugé crédible par les responsables de la “Centrale Intelligence Agency” en raison de la crédibilité de son auteur. Il ne s'agit pas de la première analyse alarmiste en provenance d'Irak. En août dernier, un rapport plus formel faisait état d'un sombre avenir pour l'Irak. L'inquiétude est d'autant plus grande chez les analystes parce que le constat n'émane pas d'agents en rébellion contre la nouvelle direction de la CIA mise en place par George Bush. Ce dernier persiste pourtant à voir tout en rose, quant à l'avenir de l'Irak, en forçant le pouvoir provisoire de Bagdad à maintenir les élections générales à la date fixée. Son entêtement risque de déboucher sur un scrutin dans un bain de sang, même s'il a opté pour une augmentation des forces américaines en Irak d'ici le rendez-vous électoral. De 138 000 soldats actuellement, elles passeront à 150 000. Cette décision n'est pas sans soulever le courroux des militaires américains qui voient leur présence en Irak prolongée indéfiniment. Dans ce contexte, 8 soldats américains ont eu recours à la justice pour contester la prolongation abusive par le Pentagone de leur contrat en Irak, qui arrivait à expiration. Ceci étant, Iyad Allaoui, plus proche de la réalité du terrain, prône un étalement des élections sur deux, voire trois semaines, dans la perspective de sécuriser le pays région par région pour permettre aux Irakiens de voter. Un véritable dilemme se pose pour les forces américaines et irakiennes quant à la manière avec laquelle elles pourraient sécuriser les bureaux de vote sans cependant effrayer la population. En dépit de ce chaos, le patron de la Maison-Blanche estime que “la démocratie est en marche” en Irak et ce n'est pas la “poignée” d'insurgés qui la stoppera. Son discours n'a pas changé d'un iota depuis l'invasion de l'Irak le 20 mars 2003, malgré le millier de militaires américains tués et le nombre incalculable de victimes côté irakien. Nul n'est en mesure de trouver des explications à son optimisme utopique. Même Poutine ne voit pas comment se dérouleront les élections. Il a mis en doute la possibilité d'organiser le scrutin “dans les conditions d'occupation totale”. K. A.