“Il y a eu des cas de blanchiment d'argent.” C'est du moins ce qu'a révélé hier le député Boudiaf, lors d'une journée d'étude organisée par la commission des finances et du budget de l'assemblée populaire nationale sur la réforme bancaire et financière, animée par le ministre des finances, le ministre délégué à la réforme financière, le gouverneur de la banque d'Algérie et le délégué général de l'association des banques et des établissements financiers. “M. Benkhalfa (délégué général de l'ABEF) sait de quoi je parle”, insiste le député Boudiaf en interpellant les ministres sur le retard dans l'élaboration des textes d'application prévus par la loi sur la lutte contre le blanchiment d'argent. Les ministres, dans leurs réponses, n'ont pas fait allusion au “cas de blanchiment d'argent” auxquels M. Boudiaf a fait référence. Ils ont simplement rappelé les différents dispositifs pris “récemment” pour lutter contre ce phénomène. Ils citent notamment le dernier règlement adopté par le Conseil de la monnaie et du crédit sur la prévention et la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Le gouverneur de la banque d'Algérie soutient que “les mécanismes de contrôle”, usités actuellement en Algérie, “sont conformes aux règles internationales”. Contrairement aux déclarations de M. Abdelatif Benachenhou, quand il était ministre des finances, rappelées par des députés, le gouverneur de la banque d'Algérie souligne que “le risque systémique n'a jamais existé et qu'il n'existe pas sur la place bancaire algérienne”. “Je pèse mes mots, nous avons un secteur bancaire stable, selon les critères internationaux”, précise-t-il, en invitant les députés à consulter les rapports du FMI et de la Banque mondiale publiés en 2004. Pour rappel, l'ex-ministre des finances disait que “les banques constituent un danger pour l'économie nationale”. “Le temps semble lui avoir donné raison”, estiment les députés. L'actuel ministre des finances, M. Medelci, explique aux journalistes en marge de la rencontre que les scandales révélés par la presse “ne sont pas des accidents de la route”. Ils remontent à deux ou trois années, “sans que les autorités ne se rendent compte”. Les dossiers sont entre les mains de la justice. Des banquiers sont impliqués. “Mais heureusement, ce n'est qu'une infime minorité”, souligne le ministre des finances en évoquant les mesures prises pour améliorer la gouvernance des banques. Le délégué général de l'association des banques et des établissements financiers (ABEF) plaide pour la protection des cadres banquiers. Pour lui, “le niveau des risques dans les entreprises et la sphère réelle sont encore forts”. Le gouverneur de la banque d'Algérie souligne que la réforme bancaire intervient dans un contexte de stabilité financière. Ainsi, les banques disposent d'une opportunité additionnelle pour une intermédiation bancaire efficiente. Les banques doivent donc renforcer leur rôle dans la mobilisation de l'épargne financière et dans l'allocation efficiente des ressources vers des emplois productifs, mais aussi améliorer le système de contrôle interne. Le ministre délégué à la réforme financière, dans son exposé, souligne l'existence de 22 banques dont 16 sont privées, avec un réseau global de 1 159 agences, soit une agence pour 25 900 habitants. Ce qui constitue un niveau insuffisant de bancarisation de la population. L'essentiel de l'activité bancaire reste dominé par les banques publiques, qui assurent 93% du financement de l'économie et 100% du financement des entreprises publiques. 94% de la collecte des ressources sont assurés par les banques publiques. La réforme financière ne concerne pas seulement les banques, mais aussi les assurances et le marché financier. Pour le gouverneur de la Banque d'Algérie, la réforme du système des paiements est un aspect important de la réforme bancaire. L'année 2006 serait, à entendre les responsables, “l'année de la réforme financière”. Les instruments pour la modernisation des moyens de paiement ont été mis en œuvre. Selon M. Benkhalfa, délégué général de l'ABEF, à partir du mois de juin 2006, le chèque serait traité en 5 jours, au lieu de 3 mois actuellement. “nous sommes parvenus à un tournant important de concrétisation du processus réformateur, et l'année 2006 apportera des changements importants”, souligne le ministre des finances. Méziane Rabhi