Les pays du bassin du lac Tchad devraient déposer "fin février" un projet de résolution devant le Conseil de sécurité de l'ONU pour la création d'une force régionale destinée à lutter contre Boko Haram, comme annoncé précédemment. Une source officielle camerounaise, qui en a fait l'annonce, a souligné que l'objectif de cette démarche vise à rendre opérationnelle cette force dès le 1er avril. Le ministre camerounais des Relations extérieures, Pierre Moukoko Mbonjo, a indiqué que les pays de la région comptent sur le soutien important de la France, notamment sur le plan logistique, et ce, à l'issue d'une rencontre avec le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui effectue une tournée de deux jours au Tchad, au Cameroun et au Niger. À Yaoundé, le ministre français, qui s'y trouve dans le cadre d'une tournée dans les trois pays d'Afrique touchés par les attaques du groupe islamiste Boko Haram, a rappelé l'engagement de la France auprès de ces pays, notamment à contribuer à ce projet de force régionale, en fournissant des informations de renseignement militaire pour aider les armées africaines à lutter contre Boko Haram. Si la visite de Laurent Fabius est également l'occasion d'appeler à un soutien international plus large, le ministre français a tenu toutefois à clarifier le rôle de son pays. La France, déjà engagée militairement dans d'autres foyers de tension dans le continent, se gardera de s'investir directement dans le conflit, a-t-il laissé entendre. "La France a une amitié traditionnelle avec l'Afrique, nous pouvons aider mais pas faire tout, tout seuls", a-t-il précisé samedi. "Laurent Fabius est venu ici pour rassurer", rapporte pour sa part Gérard Grizbec, journaliste de France 2, envoyé spécial à Yaoundé, au Cameroun. "La France a déjà 3000 hommes présents dans le Sahel, au nord du Niger et au nord du Mali, qui luttent contre les islamistes, il n'est donc pas question d'en rajouter. En revanche, les Français s'engagent à donner des informations de renseignement militaire pour aider les armées africaines à lutter contre Boko Haram", a-t-il ajouté. Cela intervient dans un contexte marqué par la poursuite des combats entre le groupe extrémiste et les armées des pays de la région, dont le Nigeria qui a annoncé, samedi dernier, avoir enregistré des victoires symboliques avec la reprise de Baga, ville stratégique sur les rives du lac Tchad, tombée aux mains des terroristes, ainsi qu'une douzaine de villages aux alentours, le 3 avril 2014. Selon Amnesty International, l'attaque de Baga – qualifiée de "crime contre l'humanité" par le secrétaire d'Etat américain John Kerry – est "la plus grande et la plus destructrice" jamais perpétrée par Boko Haram. Pendant ce temps, le groupe islamiste poursuivait ses attaques contre les pays du bassin du lac. Sept soldats ont ainsi été tués vendredi au Niger voisin. Le Sud-Est nigérien enregistre depuis deux semaines des assauts du groupe terroriste. Idem pour le Tchad, qui est engagé militairement dans la lutte contre ce groupe terroriste. Le Nigeria et ses voisins – Tchad, Niger, Cameroun et Bénin – se sont mis d'accord, le 7 février, pour mobiliser 8700 hommes dans une force multinationale de lutte contre Boko Haram. Plusieurs milliers de leurs soldats, à l'exception du Bénin, sont déjà déployés sur le terrain, de part et d'autre du lac Tchad. A. R.