La décision d'opter pour l'exploitation du gaz de schiste, prise par le gouvernement, ne cesse d'alimenter une polémique entre les différents acteurs en présence qui demandent un débat national sur la politique énergétique. C'est dans ce contexte que s'est tenu le colloque national sur la transition énergétique en Algérie, organisé par l'Association des ingénieurs d'état diplômés de l'Institut algérien du pétrole (IAP), sous le thème "Nouveau modèle de croissance et problématique énergétique (2015-2030)". Il s'est agi de débattre des différents défis et enjeux énergétiques du pays, tels que la sécurité énergétique, le développement des énergies renouvelables et l'efficacité énergétique. Cette rencontre a permis également aux experts nationaux, aux représentants d'institutions, des universitaires, des associations ainsi que des organisations patronales de passer en revue la croissance du marché intérieur des énergies de même que de la politique tarifaire appliquée. "L'Algérie doit adopter un modèle de transition énergétique basé sur les énergies renouvelables afin d'assurer sa sécurité énergétique dans un contexte de baisse des prix du pétrole... Il faut diversifier les sources d'énergie afin de rompre avec l'économie rentière", ont affirmé les experts lors de ce colloque. Au niveau géostratégique, les Américains, en optant résolument pour l'exploitation du gaz de schiste, viennent de bouleverser en profondeur le marché énergétique mondial. Ils visent deux objectifs : s'assurer une autonomie énergétique pour les besoins de leur économie, et dans le même temps contrecarrer la domination russe dans le domaine gazier. La Chine, pour sa part, affiche ses ambitions et n'entend pas rester à la traîne de la bataille énergétique planétaire qui se profile à l'horizon. L'Europe hésite, la France marque un temps d'arrêt. Qu'en est-il de l'Algérie ? Ces problématiques ne datent pas d'aujourd'hui. Déjà le cabinet International CWC Group avait organisé en Algérie le 1er Forum international sur l'énergie, "Algeria Future Energy Conference 2012", sous le thème "Libérer le potentiel énergétique de l'Algérie". Lors de cette conférence, le ministre de l'Energie avait déclaré : "L'Algérie ne va pas être spectatrice des bouleversements qui sont en cours sur la scène énergétique internationale, elle a l'ambition de continuer à jouer ce rôle positif et constructif sur la scène énergétique et gazière dans le monde... L'Algérie veut évaluer avec précision son potentiel de gaz de schiste, qui semble considérable." Dans le même temps, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) nous dit que les Etats-Unis deviendront le 1er producteur mondial d'hydrocarbures de la planète vers 2020, notamment en gaz de schiste, et un exportateur net de brut vers 2030. Ils sont déjà talonnés par la Chine, qui accélère son programme de développement du gaz de schiste. Les réserves exploitables s'élèveraient à près de 35 000 milliards de mètres cubes sur le territoire chinois. Soit une quantité supérieure à celle présente aux Etats-Unis, environ 25 000 milliards de mètres cubes. Dans cette reconfiguration stratégique du secteur énergétique mondial, où se situera l'Algérie à l'horizon 2030 ? Telle est la question qui taraude les experts et la classe politique qui ne cessent de réclamer un débat national à ce sujet. La chute brutale des cours des hydrocarbures a accéléré le débat national. À l'évidence, l'Algérie dispose d'atouts qui lui permettent de se hisser au niveau des pays émergents, si elle "ose" réformer son système politico-économique en se libérant de la camisole de la rente. Dans une telle perspective, nos ressources énergétiques fossiles et renouvelables constitueront un appoint non négligeable, qui viendront en sus des richesses créées par le travail. Comment peut-il en être autrement, alors qu'elle dispose de réserves prouvées de 12,2 milliards de barils de pétrole et 159 trillions de pieds cubes de gaz à janvier 2010, selon Oil and Gaz Journal. Elle se positionne respectivement dans ces deux ressources énergétiques, à la troisième et la deuxième places des réserves africaines après la Libye et le Nigeria. Dans le domaine gazier, notre pays détient la 10e plus grande réserve mondiale. Il est donc normal que cette question focalise l'attention du pouvoir et préoccupe la société et la classe politique. À l'horizon 2020, les USA et la Chine domineront le marché mondial du gaz et imposeront leurs prix sur la base d'un consensus qu'ils négocieront notamment avec la Russie. Dans ce cas, que deviendront les moyens et petits producteurs tels que l'Algérie ? Cette dernière a d'autres alternatives, tels le solaire, l'éolien, la biomasse et même le gaz de schiste en fonction de l'évolution des technologies qui permettent une meilleure protection de l'environnement. A. H.