Face à la défaillance des pouvoir publics, c'est décidément la solidarité villageoise qui se régénère comme un atavisme en Kabylie, où un village frappé dans sa chair à Aghribs, après la perte de Hayet Ouakouak, faute de prise en charge de l'état au moment opportun, a décidé de venir désormais au secours de personnes atteintes de maladies rares et nécessitant une prise en charge à l'étranger. L'initiative est venue du village Adrar Ath Kodhia, dans la commune d'Aghribs, à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de la ville de Tizi Ouzou. Le comité de ce village s'est, pour rappel, mobilisé massivement durant deux semaines pour collecter la somme nécessaire au transfert à l'étranger de Hayet Ouakouak, qui nécessitait une transplantation de la moelle osseuse. Au bout de cette campagne de collecte qui a suscité un formidable élan de solidarité dans la région, une somme de 3,4 milliards de centimes a pu être collectée. Mais c'était compter sans le malheureux destin de l'adolescente qui a rendu l'âme le 2 février dernier, soit la veille de son transfert à l'étranger. Hayet a rejoint ainsi sa sœur décédée de la même pathologie en 2007. éploré, consterné et surtout ayant conclu que l'état n'est pas pour le citoyen, le village Adrar Ath Kodhia a décidé de ne plus rester les bras croisés. "Plus jamais ça", lance-t-il comme message. Et ce ne sont pas de vains mots. Le comité de village en question a pris l'initiative de mettre la somme collectée pour le transfert prévu de Hayet à la disposition des personnes atteintes de maladies rares et nécessitant un transfert à l'étranger. Les membres du comité de village, qui ont fait l'annonce au cours d'une conférence de presse à laquelle ont participé les membres de la famille de la victime, ont expliqué qu'une somme de 50 millions de centimes est déjà utilisée pour le transfert d'une fillette d'Illilten vers l'étranger. Pour le reste, une commission sera installée pour étudier les dossiers, ont expliqué les initiateurs de cette louable initiative qui ne confirme pas seulement que la solidarité au sein de la société kabyle est une valeur qui résiste encore au mercantilisme ambiant, mais qui vient en bouffée d'oxygène à des malades souffrant de pathologies nécessitant des soins à l'étranger mais qui restent abandonnés par l'Etat qui préfère investir dans le prestige des grandes mosquées et des festivals à scandales au lieu de la santé et qui réserve les prises en charge pour les soins à l'étranger au seul cercle des copains. S. L.