L'Algérie vient d'être épinglée par la Confédération syndicale internationale (CSI), cette fois-ci, pour violation des libertés syndicales et répression de syndicalistes. Dans une lettre adressée le 11 février dernier à Ghazi Mohamed, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, dont nous détenons une copie, la CSI se dit "indignée" par "la suspension de 25 greffiers de justice en représailles à une grève légitime le 30 avril 2012" et "exige" leur "réintégration dans la cour de justice d'origine et le paiement d'une indemnisation adéquate". En effet, suite à une grève initiée par la Fédération du secteur de la justice affiliée au Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap), "l'administration ministérielle de la justice a suspendu 25 greffiers de justice, sans aucune notification", et "aucune réponse n'a été obtenue depuis deux ans" malgré les différentes correspondances adressées au président de la République, à Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'Homme (CNCPPDH), au Premier ministre, au ministre de la Justice et au directeur général de la Fonction publique. La CSI reproche, également, à l'administration ministérielle de la justice le fait qu'elle "a exercé des pressions visant à leur (les 25 greffiers suspendus, ndlr) faire signer une lettre d'excuses et de demande de réintégration" et l'envoi d'un télégramme interne en date du 25 décembre 2014 aux différents procureurs généraux "pour leur demander de convoquer les personnes ayant signé la lettre à une comparution devant la commission paritaire au siège du ministère de la Justice le 30 décembre 2014". Le comble, comme le souligne la CSI, la commission paritaire, "qui n'a pas sa raison d'être, a décidé de les réintégrer avec mutations sans rester dans la cour de justice d'origine et sans réclamer ses droits rétroactifs". La CSI fait un rappel des différentes conventions signées par l'Algérie et note que "malheureusement", le gouvernement algérien "a échoué à garantir ces droits aux greffiers de justice qui n'ont pas seulement été soumis à la discrimination antisyndicale, mais qui n'ont également pas eu accès à la justice effective". Aussi, la CSI demande des sanctions contre l'administration ministérielle de la justice et se dit préoccupée "face à ces derniers événements qui s'ajoutent à une longue liste de cas de violation de la liberté syndicale et de répression à l'égard de nombreux syndicalistes". M. F.