"La démolition du marché illicite de Ben Aknoun s'était opérée avec l'aval de la wilaya d'Alger." Sale temps pour les camelots, sommes-nous tentés de dire ! Et pour cause, il est des signes qui ne trompent pas et qui n'augurent rien de bon pour l'avenir des marchands ambulants et à la sauvette. En témoigne le gage de bonne volonté que vient d'asséner la wilaya d'Alger pour en découdre et en finir avec l'informel, ou plutôt ce "grain" de sable qui neutralise de déloyale manière l'activité commerciale. Et s'il subsiste encore un doute, le scepticisme vient d'être enseveli à tout jamais... sous les décombres du souk informel de Ben Aknoun qui fut détruit en un tour de chenilles de bulldozer, à marquer d'une pierre blanche pour les habitants de Ben Aknoun. Et à notre passage, c'en était donc bel et bien fini d'une "favela" qui gâtait l'aspect urbain d'une bourgade, élue pourtant au rang de quartier "latin", eu égard à une carte scolaire et universitaire des plus étoffées et que lui enviait tant de communes. Donc, partant du constat relevé sur ce tas de débris qui ne laisse plus de place au doute, peut-on s'aventurer à croire que c'est un avant-goût d'une lutte qui ne fait que commencer contre l'informel, ou est-ce tout simplement un feu de paille ? Satisfaits ? Les commerçants légaux locaux ne s'en cachent pas et déclarent à l'unisson : "Ce que l'autorité veut, Dieu le veut aussi." Par contre, il y a également le cercle de sceptiques qui veulent bien y croire, pour peu que le cas de ce que l'on appelait communément le cartel des "pharmaciens" de Ben Aknoun fasse l'effet boule de neige et charrie sur son passage les derniers sursauts d'un "informel" qui aurait altéré le négoce légal. Voulant en savoir un peu plus sur la démarche du beylik, le porte-parole de l'UGCAA, Boulenouar Hadj-Tahar, a déclaré : "La démolition du marché illicite de Ben Aknoun s'était opérée avec l'aval de la wilaya d'Alger, qui avait approuvé ainsi une proposition formulée par la wilaya déléguée de la circonscription administrative de Bouzaréah." à la question de savoir s'il y aura pérennité ou pas de l'opération d'éradication d'"aswak" informels de Aïn Naâdja et de Ben Omar à Kouba qui s'est agrandie d'une enfilade de "parasols", notre interlocuteur a déclaré : "à charge pour les autres wilayas déléguées de méditer et d'adopter l'initiative louable de la wilaya déléguée de Bouzaréah. Pour rappel, c'est la seconde opération du genre après l'éradication du souk ‘'faoudhaoui'' de Rouiba." Seulement, nul ne sait ce qu'il va advenir du sort des désormais ex-squatteurs de l'artère Mustapha-Khalef de Ben Aknoun. Au demeurant, l'absence d'un marché de proximité à Ben Aknoun a engendré la "faoudha" (désordre) que l'on sait depuis le début des années 1980. De ce fait, osons une question à brûle-pourpoint : qu'en est-il du programme présidentiel des cent locaux pour Ben Aknoun et ailleurs ? D'ailleurs, des solutions, il en existe à en veux-tu, en voilà, pour peu que l'autorité locale y mette du sien pour suppléer les 100 points de vente informels inventoriés à Alger et qui représentent un taux de 1,5% par commune. à ce propos, Boulenouar Hadj-Tahar cite le cas de la démolition de l'ancien souk el-fellah de Ben Aknoun qui était contigu à la cité des Asphodèles et dont la parcelle de terrain sert en ce moment à la construction d'un programme de logements promotionnels qu'a initié la wilaya d'Alger. Autre cas d'infrastructures inutilisées, le marché de Baïnem qui, à lui seul, pourra y loger les camelots de Aïn Bénian (ex-Guyotville). En ce sens, "le mieux est d'utiliser à bon escient l'équivalent d'une vingtaine d'espaces commerciaux inoccupés à Alger, à l'instar de l'ancien souk el-fellah du Ruisseau, pour ne citer que cette infrastructure", a conclu notre interlocuteur. En attendant le grand coup de balai tant attendu, c'est Ben Aknoun qui réapprend à vivre comme du temps où El-Biar se suffisait d'un estaminet et d'une placette où il n'y avait pas l'ombre d'une cabine téléphonique. L. N.