C'est quasiment une sorte de mise en garde qui a été lancée par le P-DG de la société Enasel à l'attention des pouvoirs publics contre les très graves conséquences sur le plan économique et sanitaire provoquées par la commercialisation de sel non conforme et la concurrence déloyale qui en résulte. En effet, cette question de la commercialisation sur le marché algérien de sel non iodé a été largement débattue lors d'une journée d'étude organisée, lundi passé, à Oran, par l'Enasel. À ce titre, le P-DG de la société nous a révélé que son entreprise détient à peu près 50% des parts du marché avec la commercialisation de 300 000 t/an de sel dont 75 000 tonnes de sel alimentaire, le reste représentant le sel industriel alors que la concurrence place 70 000 tonnes dont le sel en majorité ne respecte pas la réglementation et les normes de santé. Sur le plan économique, pour l'Enasel, c'est une concurrence déloyale qui, d'année en année, grignote des parts de marché, notamment à l'Ouest : “Nous avons engagé des investissements importants pour nous conformer à la réglementation et aux normes de qualité par rapport à notre production. ce sont 210 millions de DA d'impôts que nous versons au trésor public… la question est de savoir si les autres intervenants dans ce secteur en font de même”, déclare le P-DG et de poursuivre : “dans notre pays, nous consommons beaucoup de sel et comme tous les pays méditerranéens, nous consommons beaucoup de pain. or, le marché de la boulangerie nous échappe complètement, donc quel sel est utilisé ? Nous lançons un appel aux organisations des boulangers pour qu'ils se rapprochent de nous et que nous trouvions un terrain d'entente…” Pour appuyer ses dires, notre interlocuteur affirme que ses laboratoires ont analysé un certain nombre d'échantillons de sel trouvé dans le commerce et d'affirmer qu'ils étaient tous non conformes, c'est-à-dire non iodés. “certains pourront toujours dire que nous ne sommes pas impartiaux, mais la réalité est là… et il faut, à ce titre, dénoncer la contrefaçon puisque certains n'hésitent pas à imiter notre emballage pour pouvoir écouler leur sel non conforme… tout cela nous cause de très graves préjudices.” Sur le plan de la santé, la consommation de sel non iodé provoque de graves pathologies comme le goitre. Celui-ci peut même engendrer, pour les femmes enceintes, des risques de malformation chez l'enfant. Quant à l'Enasel, qui fait partie des 1 200 entreprises privatisables, elle réalise un chiffre d'affaires de 1 million de DA et exporte depuis plus de 10 ans en Espagne et en France quelque 50 000 t/an de sel industriel. À l'heure actuelle, l'entreprise s'efforce de mettre en place un réseau de distribution à travers ce qu'ils appellent les maisons du sel présentes dans seulement 7 ou 8 wilayas. F. B.