Dans la guerre livrée par la coalition à Daech, on n'en finit décidément pas de changer de stratégie. Cette foi-ci, c'est le général Martin Dempsey, le plus haut gradé américain, qui estime que tout ce qui a été fait jusque-là serait une erreur. Il plaide, désormais, pour une "patience stratégique" dans la lutte contre Daech en Irak et en Syrie. Arrivé hier à Bagdad pour s'entretenir avec les responsables irakiens une semaine après le lancement d'une vaste offensive pour reprendre Tikrit au groupe état islamique (EI), le numéro un de l'armée US a assuré qu'intensifier les raids aériens de la coalition internationale, dirigée par Washington, est loin de constituer la bonne solution. "Larguer un tapis de bombes sur l'Irak n'est pas la solution", a-t-il lâché. Selon le général Dempsey, la fréquence des bombardements aériens dépendait des capacités de l'armée irakienne sur le terrain. Le chef d'état-major interarmées américain a expliqué : "Nous avons la responsabilité d'être très précis dans l'usage de notre puissance aérienne", car estimant qu'augmenter le rythme des raids accentuerait les risques pour les populations civiles, ce qui pourrait alimenter en retour la propagande djihadiste. "Cela signifie qu'il faut prendre le temps" de rassembler des renseignements précis sur les cibles possibles, a-t-il ajouté. Sur le terrain, les forces pro-gouvernementales irakiennes poursuivent leur plus grande offensive anti-Daech lancée il y a une semaine, afin de reprendre Tikrit. Cette ville majoritairement arabe sunnite et région d'origine de l'ancien président irakien Saddam Hussein, située à 160 km au nord de Bagdad, fait partie des vastes zones prises par le groupe djihadiste l'an dernier dans le nord et l'ouest de l'Irak. Les forces gouvernementales, appuyées par les forces kurdes, des milices chiites et des tribus sunnites, n'ont évoqué aucun bilan mais ont fait état d'une résistance de l'EI, en dépit des raids de la coalition. Bagdad a réclamé davantage de "soutien aérien", notamment pour protéger le patrimoine archéologique irakien, détruit par Daech. Par ailleurs, des frappes aériennes de la coalition internationale ont visé des raffineries tenues par le groupe état islamique dans le nord de la Syrie faisant au moins 30 morts, en majorité des djihadistes, a rapporté hier l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Ces frappes ont notamment visé des raffineries et installations pétrolières tenues par l'EI qui, selon certaines estimations, gagnait plus d'un million de dollars par jour en ventes pétrolières en Syrie. Selon des chiffres officiels, la production de pétrole en Syrie est tombée à 9329 barils/jour en 2014 contre 380 000 b/j avant le début de la guerre en mars 2011. Le pouvoir a perdu en 2013 l'essentiel de ses champs pétroliers, tombés aux mains de l'EI. Merzak T./Agences