Il s'agit de s'attaquer aux essaims et d'empêcher ainsi le criquet d'arriver en Algérie au printemps prochain. Des efforts considérables ont été consentis par l'Algérie dans sa guerre déclarée, depuis l'année dernière, au criquet pèlerin. Les résultats, selon M. Chelghoum, SG au ministère de l'Agriculture, sont indéniables, mais le chemin à parcourir reste insuffisant pour prétendre à une éradication. Le danger demeure entier si des mesures ne sont pas prises, selon M. Chelghoum, également président de la cellule de crise de la lutte antiacridienne. Chiffres à l'appui, ce dernier a procédé, hier, lors du point de presse tenu au siège du ministère, à l'évaluation de tout ce qui a été entrepris, annonçant, par ailleurs, que la solution idéale réside dans la coopération algéro-mauritanienne. Au stade de la prospection, celle-ci est bel et bien mise en branle avec neuf équipes algériennes et six autres du côté mauritanien. Les moyens mobilisés pour cette opération, suivie à partir d'Alger, sont deux aéronefs et 70 unités qui doivent traiter 21 000 hectares/jour. Deux bases logistiques sont mises sur pied : l'une à Tindouf et l'autre à Attar, en Mauritanie, avec un poste de commandement avancé à Tindouf. L'effectif d'encadrement, selon M. Chelghoum, est composé de 250 personnes qui devront ainsi s'attaquer aux essaims de criquets qui sont en phase de reproduction au nord de la Mauritanie avant de regagner l'Algérie au printemps. “Il existe, actuellement, un mouvement de convergence des criquets qui doivent se stabiliser au nord de la Mauritanie pour se reproduire. Une période de répit pour l'Algérie qui doit passer à l'étape de la prévention. D'où d'ailleurs l'idée de s'attaquer aux essaims de criquets et les disséminer avant qu'ils ne regagnent l'Algérie au printemps pour des raisons climatiques plus clémentes”, a expliqué M. Chelghoum, précisant que l'Algérie se préparait à toutes les hypothèses possibles, y compris au pire des scénarios. Jusque-là, nos récoltes ont été épargnées par l'invasion des criquets pèlerins (2% de pertes), ce qui ne saurait être évité si cette situation-catastrophe venait à se répéter. Outre les 8 milliards de dinars qui ont été dépensés en 2003, Saïd Barkat a affirmé pour sa part que l'Algérie possède les moyens humains et financiers nécessaires et que le plus important est de sauver le pays. Celui-ci a d'ailleurs regretté la lenteur dans la mobilisation de la communauté internationale qui “rechigne”, selon lui, à honorer ses engagements pris en juillet dernier à Alger. Quoi qu'il en soit, l'Algérie n'a pas lésiné sur les moyens pour lutter contre le péril acridien et a réussi à traiter, au 13 décembre de l'année en cours, presque 2 millions d'hectares infestés. À ce propos, M. Chelghoum a présenté un bilan exhaustif des actions menées qui ont concerné au mois d'octobre dernier le traitement de 145 000 hectares infestés avec en moyenne 4 600 hectares par jour. Une recrudescence a été enregistrée au mois de novembre dernier et a connu le traitement de 677 000 hectares avec en moyenne 22 500 ha/jour pour être revue à la baisse au mois de décembre avec 187 000 hectares avec une moyenne quotidienne de 15 250 ha. Les moyens de traitement ont été à hauteur de 71% par voie terrestre et à environ 30% par voie aérienne avec les 44 appareils mobilisés à travers le fret auprès de Tassili Airlines. Les capacités actuelles de l'Algérie sont de l'ordre de 295 000 hectares qui peuvent être traités quotidiennement si le besoin se fait sentir, et cela porterait sur 6,7 millions d'hectares des régions touchées avec 1,6 ha pour le nord de la Mauritanie considéré comme la zone la plus dangereuse. Ce sont aussi les prévisions de la FAO qui a averti contre ce péril et qui tente de se mobiliser pour le contrecarrer. La FAO a estimé les besoins à 192 millions de dollars pour la prochaine étape de lutte avec une plus grande attention envers les pays du Maghreb. N. S.