Environ 700 000 ha ont été infestés par la population de criquets pèlerins, a indiqué hier le secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, Abdeslam Chelghoum, lors d'un point de presse animé au siège du ministère. Pour mieux mesurer l'ampleur de l'invasion, M. Chelghoum, qui préside la cellule de crise chargée de la lutte antiacridienne au ministère, a souligné que l'année dernière à la même période 7000 ha seulement avaient été infestés. En tout 18 wilayas ont été touchées par ce fléau. Près de 40% de la surface infestée et traitée se situent à l'extrême Sud qui constitue le premier front du dispositif de lutte mis en place. Des essaims de criquets ont pu, à la faveur de conditions climatiques favorables, atteindre le nord du pays. Ainsi, des essaims ont été signalés à Tlemcen et à Sidi Bel Abbès. Ces effectifs proviennent essentiellement des frontières sud et, à un degré moindre des frontières ouest. La population de criquets est constituée à 98% d'ailés roses immatures considérés comme étant les plus dangereux, car les plus voraces. Le conférencier s'est voulu rassurant en indiquant que les moyens mis en place par les pouvoirs publics sont en mesure de faire face avec efficacité à l'invasion acridienne. Les capacités de traitement sont progressivement améliorées passant de 6000 ha/jour à la mi-octobre à 27 000 ha/jour, voire 30 000 ha/jour actuellement. Le dispositif mis en place peut, théoriquement, arriver à traiter jusqu'à 247 000 ha/jour, a soutenu M. Chelghoum. Les équipes de lutte ont eu principalement recours aux moyens terrestres. risques Pourtant, on avait signalé par le passé que la lutte par voie aérienne serait privilégiée, car plus efficace. Pour les besoins de la lutte, 36 avions ont été mobilisés dont 2 pour la surveillance et la prospection. Pour ce qui est des ressources humaines réquisitionnées, 50 000 agents sont à pied d'œuvre dans les sites affectés. Les services concernés prévoient une baisse de l'intensité de l'invasion à la fin décembre. Mais des infestations massives sont attendues pour février-mars 2005 en provenance de Mauritanie, du Maroc et du Sahara-Occidental. Pour éviter un déferlement massif, des mesures préventives ont été prises, à savoir l'envoi d'équipes au Niger, au Mali, en Gambie et au Sénégal. Mais les efforts ont été canalisés surtout en Mauritanie où la menace est plus périlleuse. En prévision de la phase printanière, 140 000 personnes interviendront pour arrêter l'invasion acridienne. Les capacités d'intervention seront portées à 350 000 ha/jour dont 48 000 ha/jour par voie aérienne. Les neufs pays de l'Afrique du Nord et de l'Ouest, où 12 millions d'hectares ont été infestés depuis octobre 2003, se démènent toujours contre le criquet pèlerin dans l'indifférence totale de la communauté internationale. Jusqu'à présent sur les 300 millions requis pour les besoins de la lutte, seuls 30 millions ont été collectés alors que de nombreux engagements des pays donateurs et des bailleurs de fonds sont restés au stade de vœu pieux. Un appel urgent à l'intention de la communauté internationale sera lancé à l'occasion d'une réunion à Rome demain. Pour le SG du ministère, tout le monde est concerné, car si pour l'instant « l'Algérie constitue un véritable rempart pour l'Europe », le risque reste entier s'il n'y a pas une forte mobilisation internationale.