Quatrième chapitre : la fuite Résumé : Maria discute un petit moment avec Samira, des exploits de son fils. Elle ne cache pas qu'il la torture avec ces "papa". Samira la raisonne. Tous les enfants adorent leur papa. Maria doit raccrocher. Dahmane, un collègue, est venu l'inviter à prendre un pot. Il lui dit des mots qu'elle aurait aimé entendre de la bouche de Yahia. Elle a envie de pleurer tout en le maudissant... - Pardon, murmure-t-elle en fouillant dans son sac à main, à la recherche d'un mouchoir. Je suis bouleversée chaque fois que je parle de lui... Elle prend son sac et part aux toilettes, passant devant lui, sans le regarder. Elle n'a aucune envie d'avoir une relation avec lui, même s'il a des intentions des plus sérieuses envers elle. Il n'y a pas de place pour un homme, dans sa vie. Si elle a tout fait pour avoir Salem, c'est parce qu'après Yahia, il n'y aura personne. Il est l'amour de sa vie. Celui de toute une vie même s'il a refait sa vie. Elle prend le temps de se calmer, de sécher ses larmes avant de retourner au bureau. Dahmane n'est plus là. Elle soupire de soulagement. Elle ne veut plus lui parler. Elle espère de tout cœur qu'il n'osera plus venir lui parler de son amour après avoir été témoin de son émoi. Elle tente de se concentrer sur son travail et ne se rend compte de l'heure avancée qu'une fois des collègues passant par son bureau. - Assez trimé pour aujourd'hui ! lui dit Sonia, l'assistante du directeur. Si tu n'as pas fini, tu te rattraperas demain ! - Tu as raison... Maria range son bureau, enfile sa veste et prend son sac. Elle sort en compagnie de ses collègues. Elles se séparent aux arrêts de bus. Maria passe prendre son fils. Elle en profite pour le promener un peu. Elle lui achète une sucette dont il raffole. - N'en prends pas l'habitude, lui dit-elle alors qu'il la tirait par la main. Eh, doucement ! Elle décide de l'emmener au jardin d'enfants. Il est tout heureux de trouver des enfants de son âge. Ils courent, jouent à ramasser des feuilles mortes et des cailloux. Maria l'en empêche, lui essuyant les mains, avec une serviette en papier. Elle le gronde doucement. -Non, c'est sale, lui dit-elle. Viens, je vais te balancer !Elle le mène jusqu'à la balançoire où une place pour bébé s'était libérée. Elle l'installe dans le siège et vérifie que la ceinture de maintien est sûre avant de le pousser. Salem rit et se tourne, la cherchant du regard. -Ma ! Ma ! Il ignore combien elle est folle de joie. Après tous ces mois, à ne prononcer que des "pa-pa", le voilà qu'il se lance dans des "ma-ma" qui la comblent de bonheur. Elle en a les larmes aux yeux et son sourire va d'une oreille à une autre. Elle ne sent plus sa fatigue. Tous ses soucis sont oubliés jusqu'à l'instant où elle voit Dahmane devant eux. Elle retient la balançoire, surprenant Salem. - Qu'est-ce que tu fais ici ? l'interroge-t-elle sèchement. - Je t'ai suivie, répond-il. Je voulais discuter avec toi... Je voulais te réconforter et franchement quand je t'ai vu entrer dans la crèche, je me demandais ce que tu allais y faire ! Alors, comme ça, tu as un enfant ! - Tu n'as pas le droit de me suivre ! Ne te fais pas des idées ! Il n'y aura rien entre nous ! - Pourquoi fais-tu la fine bouche ? Je suis quelqu'un de bien, je peux même être un père, pour lui ! - Lui n'en a pas besoin ! Laisse-moi tranquille ! Maria retire son fils du siège de la balançoire, les mains tremblantes. Elle prend Salem dans ses bras et part. Elle ne veut pas regarder en arrière. Elle espère qu'il ne les suit pas. Elle ne rentre pas directement chez elle. Elle ne veut pas qu'il sache où elle habite. Mais Dahmane les a suivis. Quand elle est entrée dans le bâtiment, elle a regardé en arrière et son cœur a manqué un battement en l'apercevant de l'autre côté de la rue... (À suivre) A. K.