Deuxième chapitre : Une autre chance : Résumé : Maria avait traversé bien des épreuves, mais jamais elle ne s'était attendue à ce qu'elle soit renvoyée. Elle étouffait de rage. Dalila l'appelle et la prie de venir quelques jours à Alger. Maria se décide enfin mais elle partira sans son fils... Maria redoutait de revoir Alger la veille de son départ. Cette ville où elle est née, où elle a vécu jusqu'à ses trente-trois ans, où elle avait aimé Yahia, où elle risquait de le retrouver. Pourtant quand elle aperçut l'aéroport, elle sentit son visage rougir et un frisson d'excitation lui passer dans le dos. à la descente de l'avion, elle eut droit à une fleur de la part d'un steward. C'était si gentil, c'était aussi un bon signe, songea-t-elle. Peut-être que son séjour ne sera pas aussi pénible qu'elle le craignait. Un instant plus tard, elle prenait un taxi et se rendait dans un petit hôtel paisible de côté d'Alger-centre. Lorsqu'elle eut signé le registre, on lui montra sa chambre, une pièce fraîche et claire dont la fenêtre donnait sur le jardin. Quelque peu ravie, elle ouvrit les tiroirs de la commode et y rangea ses affaires. Puis elle prit une douche, se changea, se brossa les cheveux et se maquilla légèrement. Ses pensées allaient à Salem. Elle demanda à la réception de lui passer un numéro. La mère de Samira n'était pas surprise par son coup de fil. Elle lui ordonna de ne plus appeler, jusqu'à la veille de son retour. Maria passe la première journée à se promener. Lorsqu'elle eut retrouvé les rues, les musées, les jardins publics, elle s'installa à la terrasse d'un restaurant qu'elle avait fréquenté du temps de sa relation avec Yahia. étant très proche de Sonelgaz, elle eut le plaisir de voir d'anciens collègues. C'était aussi leur lieu habituel du déjeuner. Elle regardait les passants, préférant tourner le dos à la grande salle pour ne pas être reconnue. Elle voulait être seule, laisser son esprit vagabonder vers un pan du passé qu'elle avait abandonné ici, avant de partir à Annaba. Pourtant, aucun souvenir n'avait été égaré. Ils étaient tous là, bien ancrés en elle. Maria était tellement perdue dans le souvenir de Yahia qu'elle ne le vit pas se faufiler à travers les tables jusqu'à la sienne. La jeune femme ferma les yeux, croyant encore être la proie de son souvenir. Elle sursauta violemment quand sa voix grave lui parvint, la mettant face à réalité. -J'ai l'impression de revenir en arrière dans le temps, déclara Yahia, s'asseyant près d'elle, posant la main sur son bras, quand elle fit le geste de prendre son sac à main pour partir. Tu n'as pas le courage de m'affronter ?, dit-il, devinant qu'elle avait envie de le fuir. -Vraiment ?, fit-elle. -Tu es toujours aussi belle, la complémenta-t-il. Comment vas-tu Maria ? -Très bien... Et toi ? Yahia haussa les épaules, tout en ayant fait une petite moue. -Pas comme je veux, mais ça va ... Où es-tu partie ? -Pas bien loin, fit-elle d'un ton léger. -Deux ans depuis que tu es partie, et trois mois, ajouta-t-il pour être précis. Cela n'a pas dû être facile de t'installer et de t'habituer... -Non. -Où es tu maintenant ?, insista Yahia. Le cœur de la jeune femme se serra. Qui sait où elle irait ? -Ici et là, dit-elle évasivement. -Tu as beaucoup changé, lui fit-il. Mais tu n'en es que plus belle. Une serveuse apporta la commande de Maria puis prit celle de Yahia. -Tu as trop changé, dit-il gravement, j'avais quitté une jeune fille et je retrouve une femme ! -Tu as trop d'imagination, rétorqua-t-elle, alors qu'une sonnette d'alarme venait de retentir dans son cœur (était-elle en danger). Qu'y a-t-il de différent entre les deux Maria que tu dis connaître ? -Tu as trop changé, dit-il gravement. Tu parais plus adulte, poursuit Yahia. Tu as mûri ! Tu as pris des rondeurs ! Tu es magnifique ! -J'ai pris de l'âge, plaisanta-t-elle. -Ce n'est pas une question d'âge, lui dit-il. Tu es plus épanouie... Et aussi, dans tes yeux, c'est comme si on y lit de la souffrance ! Tu as été très marquée ? Que t'est-il arrivé depuis ? -Oh ! Rien... La serveuse lui évita de répondre. Elle déposa la commande de Yahia lentement et tourna autour d'eux, apparemment charmée par sa beauté. Maria murmura quand elle se fut éloignée. -Encore une illusionniste ! Hum... Est-ce que tu as fait quelque chose de ta vie depuis ?, l'interrogea-t-elle. -Non... Depuis toi, c'est le vide, avoua-t-il. Et toi ? Les yeux noirs de Maria brillèrent étrangement, tout comme son sourire se fit plus doux. -Oui, lui dit-elle. Il y a Salem... Sans lui, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue ! Ah, s'il savait qu'il n'avait pas à être jaloux ! -Tu es heureuse, constata Yahia, le visage livide. Tu l'as connu quand ? Après notre séparation ? Maria soupira mais ne perdit pas son sourire. -Quelque temps après, avoua-t-elle. Je ne regrette pas de l'avoir auprès de moi... C'est quelqu'un d'exceptionnel ! (À suivre) A. K.