C'est suite au décès de M. Hala, une étudiante originaire de Bordj Bou-Arréridj, âgée d'une vingtaine d'années, traitée dans son local que le raqi a été interpellé. Cheikh Abou Muslim Belahmar, l'ex-gourou de l'équipe nationale de football lors de l'épopée d'Omdurman, au Soudan, défraye encore une fois la chronique judiciaire. Le "raqi" et ses deux assistants ont été, en effet, auditionnés par la police judiciaire de la Sûreté de Relizane, dimanche dernier, avant d'être placés en garde à vue, alors que le local qui servait de "cabinet de consultation" au célèbre guérisseur a été mis sous scellés, apprend-on de sources fiables. Des poches de sérum physiologique utilisées par le raqi à des fins thérapeutiques ont été également saisies pour être analysées par la police scientifique. C'est suite au décès de M. Hala, une étudiante originaire de Bordj Bou-Arréridj, âgée d'une vingtaine d'années, traitée dans son local que le raqi a été interpellé. Selon un membre de l'association Bacha'ir Echiffa, les parents de la jeune femme souffrant depuis plusieurs années d'une maladie d'origine inconnue qu'ils imputaient à la sorcellerie, s'étaient présentés, une première fois, accompagnés de leur fille, au local de l'association, vendredi dernier. Le cheikh étant dans l'incapacité de lui administrer une roqia, car souffrant d'une luxation d'épaule depuis une dizaine de jours, ses parents ont demandé aux collaborateurs de lui administrer du "sérum physiologique traité" et de la soumettre à une hidjama (incisothérapie). Ils ont emmené après leur fille passer le week-end à la station thermale de Bouhanifia. Ils sont revenus, dimanche dernier, au local pour réclamer une deuxième séance de hidjama avant leur retour à Bordj Bou-Arréridj. C'est en attendant son tour afin de subir la hidjama que la patiente s'est effondrée dans les toilettes de l'établissement, peu après 11h. Elle a été transportée encore vivante par ses parents accompagnés de volontaires de l'association vers l'hôpital de Relizane où elle a été admise au service de réanimation. Elle est décédée peu après. Une version des faits, cependant, démentie par des sources hospitalières qui affirment que la jeune Hala était déjà morte lors de son admission à l'hôpital de Relizane. Quoi qu'il en soit, des sources policières indiquent que l'affaire est encore en cours d'instruction et que les 3 mis en cause devraient être présentés devant le représentant du ministère public au cours des prochains jours. Nous n'avons pas pu joindre les parents de la jeune femme pour avoir leur version des faits mais ces derniers ont confirmé, lors d'une interview accordée à une chaîne satellitaire privée, que leur fille n'avait pas été soumise à une roqia de la part de cheikh Belahmar. Reste, cependant que si le rapport du médecin légiste confirme la thèse d'une mort naturelle, comme le véhicule une rumeur persistante, le parquet devrait s'appuyer dans son argumentaire pour inculper cheikh Belahmar sur une décision de dissolution de l'association Bacha'ir Echiffa récemment émise par la wilaya de Relizane. Or, arguent des adhérents de l'association, "cette décision ignore superbement un arrêt de justice antérieurement rendu en notre faveur par le tribunal administratif de Relizane, qui nous accorde le droit d'activer en toute légalité". Pour rappel, Belahmar n'en est pas à son premier déboire judiciaire ni à sa première déconvenue avec les autorités locales de la wilaya de Relizane, notamment avec l'ex-wali de Relizane, Abdelkader Kadi, actuel ministre des Travaux publics. Ce dernier avait émis à l'égard de son association une décision d'interdiction qui a obligé le raqi à délocaliser sa "clinique de roqia", située dans la commune de Belhacel (Relizane) à Mazaghran (wilaya de Mostaganem). Ajouter à cela un désaveu de la part du bureau local de l'Association des oulémas algériens. En mai 2013, il est inculpé, puis condamné à un an de prison ferme pour charlatanisme et exercice illégal d'une activité réglementée. À sa sortie de prison, il reprendra ses consultations dans une suite louée dans un hôtel situé à douar Belgaïd, puis dans un logement situé dans la cité El-Barki à Oran. Son activité à El-Bahia ayant été contrariée par de multiples résistances, le "raqi cathodique" est revenu à Relizane et a repris, depuis quelques mois, ses activités dans son actuel local situé au centre-ville. M. S.