Le ministère de l'Agriculture n'a pas délivré de dérogation sanitaire. Dans cette situation et devant le phénomène de rétention, les prix de l'ovin risquent de flamber. L'information, selon laquelle l'importation de moutons en prévision de l'Aïd El-Adha, vient d'être infirmée, à quelques semaines du jour du sacrifice, rien n'a été fait dans ce sens. D'abord, les importateurs ne se sont pas manifestés. Ensuite, les services vétérinaires du ministère de l'agriculture n'ont délivré aucune dérogation sanitaire pour cette opération, a-t-on appris de source sûre. C'est dire que l'animal ne peut fouler le sol algérien qu'après l'Aïd, d'autant plus que son introduction dans notre pays n'est plus interdite. Une telle situation ne peut, bien entendu, arranger les opérateurs intéressés. Car, leurs bénéfices ne peuvent être importants que durant ce rite. La dernière importation a été réalisée, faut-il le rappeler, en 1990, avec l'arrivée de la race Mérinos en provenance d'Australie. Depuis, point de moutons importés à cause de l'apparition de maladies qui ont touché le cheptel en Europe et dans plusieurs pays du monde. Les bruits, qui ont circulé ces derniers jours, faisant état de l'imminente importation de moutons, se sont donc avérés, selon une source sûre, de la pure intox. Qui en est à l'origine ? Les opérateurs qui souhaiteraient exercer une certaine pression sur les autorités ? Difficile de se prononcer sur cette question. “Officiellement, la direction des services vétérinaires du ministère de l'agriculture n'ont accordé aucune autorisation pour l'importation de moutons”, précisera notre source. Compte tenu de la complexité de cette opération en comparaison à la viande, la trentaine de jours qui nous sépare de la fête demeure insuffisante pour un meilleur fonctionnement. Il faut, en effet, prévoir des zones de transit pour que les animaux se reposent pendant au moins quatre jours avant d'être affectés vers les endroits de vente, réunir tous les moyens de transport, un accueil approprié dans les abattoirs en offrant plus d'espace. Il est impératif, également, que les moutons arrivent une quinzaine de jours avant le jour “j” pour qu'ils soient vendus à temps… Ce sont là, autant de paramètres qui rendent l'opération difficilement réalisable, voire impossible dans les délais impartis. Néanmoins, la réflexion sur la faisabilité de l'opération dans les mois à venir est engagée au ministère de l'agriculture. Le cheptel ovin dont dispose l'Algérie est estimé, faut-il le souligner, à environ 18 millions de têtes. Aïd : 2,5 millions de moutons sacrifiés chaque année Chaque année, plus de 2,5 millions de moutons sont abattus à l'occasion de l'Aïd. Ce n'est pas le cas de la viande fraîche dont l'importation poursuit son cours naturel depuis plus de deux mois. Il a été importé quelque 1 500 tonnes depuis le lancement de l'opération durant la première dizaine de jours du mois de Ramadhan. Rien que pour ce mois sacré, les opérateurs ont importé plus de 400 tonnes. La cadence des importations va crescendo pour atteindre actuellement 300 tonnes/semaine, soit une quinzaine de cabines hebdomadairement. Outre Alger et Béjaïa, d'autres ports sont aussi sollicités par les importateurs. Il s'agit de Ghazaouet, de Skikda et d'Oran. Les opérateurs gagneraient à diversifier la destination de leurs marchandises au lieu de la concentrer uniquement sur la capitale et sur Béjaïa. Ils ont rencontré des problèmes d'écoulement de leurs marchandises car ils se sont beaucoup plus intéressés aux grandes agglomérations pour la vente. Ce qui a engendré une mévente à l'origine d'un stockage dépassant les délais autorisés. Etant donné que c'est une matière périssable, les services vétérinaires ont procédé à la saisie à Alger et à Annaba, de quelques centaines de kilogrammes de viande fraîche importée. Mis à part cette anomalie, aucun problème d'hygiène n'a été signalé durant l'opération et à tous les maillons de la chaîne. Selon la même source, les prix moyens sur le marché connaissent une baisse. “Une chose est sûre, les prix de la viande n'ont pas augmenté. Le kilogramme de bovin se situe autour de 540 DA dans certaines villes à l'image de la Kabylie où il est cédé aux environs de 500 DA”, avouera notre source. Par ailleurs, l'importation de poulet congelé ne constitue plus une affaire intéressante pour les opérateurs. Si les prix pratiqués dépassaient les 250 DA/kg, il leur serait profitable de s'engager dans cette opération. Or, les tarifs actuels du poulet local se situent entre 170 DA/kg et 180 DA/kg. En termes plus clairs, l'importation ne peut être bénéfique qu'à des moments précis de l'année afin de servir d'appoint pour réguler le marché. B. K.