Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni hier à la demande de la Russie pour discuter d'une proposition d'instaurer des "pauses humanitaires dans les frappes aériennes" de la coalition arabe au Yémen. Cette inquiétude de la communauté internationale au sujet de la dégradation de la situation humanitaire dans ce pays, consécutivement à l'intervention militaire de l'Arabie Saoudite, est certainement dictée par le bilan catastrophique des dégâts humains, qui avoisine les 185 morts et 1 282 blessés dans la seule ville d'Aden, dans le Sud du pays. Soit un total, de 519 morts et 1 700 blessés, en neuf jours de combats. "75% des victimes sont des civils", selon le directeur du département de la Santé, Al-Khader Lassouar, en affirmant que le bilan était partiel, car il n'inclut pas les victimes dans les rangs des rebelles. Ces chiffres sont d'ailleurs confortés par l'Unicef (le Fonds d'urgence des Nations unies pour l'enfance), qui a, dans ce sens, rapporté mardi qu'au moins 62 enfants avaient été tués et 30 autres blessés dans les combats en une semaine. Le Conseil de sécurité de l'ONU (constitué des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine, du Royaume-Uni et de la France) se réunit justement pour discuter de l'instauration de "pauses humanitaires" sur place, dans une conjoncture marquée par l'enlisement. au dixième jours de l'opération "Tempête décisive" menée par la coalition arabe, le conflit au Yémen a viré à la guerre civile. Les combats opposent les Houthis, soutenus par une partie des forces armées restées fidèles à l'ancien président Saleh, aux combattants des Comités populaires, une force paramilitaire composée de sunnites soutenant le président Hadi. Elle est aidée logistiquement par la coalition arabe, qui, a dans ce sillage, procédé au parachutage, près du port d'Aden, de munitions et d'armes, dont des kalachnikovs, des fusils de snipers et du matériel de télécommunication, et acheminé un stock de vivres et de médicaments par bateau. La finalité étant d'affaiblir et de stopper la progression des Houthis, et leurs alliés (les militaires fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh), qui, sous le poids des bombardements nocturnes de la coalition à Aden ont dû abandonner le palais présidentiel qu'ils avaient pris la veille. D'ailleurs, le porte-parole de la coalition, le général Assiri, a affirmé que "les milices ont été défaites et sont cantonnées dans certaines zones d'Aden (...) Nous les isolons de tout éventuel soutien venu de l'extérieur". Ce chaos profite aussi, à l'Aqpa (Al-Qaïda dans la péninsule arabique), la branche yéménite d'Al-Qaïda, qui a pris une base militaire au sud-est du Yémen. Aqpa a procédé vendredi à une véritable démonstration de force en prenant, sans résistance, selon des responsables, le quartier général de l'armée et le port de Moukalla. Les Houthis et Aqpa se sont également violemment affrontés, faisant courir au pays le risque d'une guerre confessionnelle entre chiites et sunnites. A. R.