Six personnes ont été entendues, hier, par le procureur général près le tribunal de Chéraga (ouest d'Alger) puis présentées devant le juge d'instruction de la même instance, dans le cadre de l'affaire Moretti, révélée dimanche dernier par Liberté et El-Khabar. Les prévenus, cinq garçons et une jeune fille, âgés entre 19 et 22 ans, étaient retenus, à titre préventif, à la brigade de gendarmerie de Bouchaoui (non loin de Chéraga). Ils ont été mis en détention préventive après dépôt de plainte, en fin de semaine dernière, de la famille du dénommé Mehdi Sari, sévèrement battu à l'intérieur de Moretti, résidence d'Etat, par un groupe de jeunes composé, selon la victime, de 11 à 12 membres. On peut donc considérer que l'autre moitié des mis en cause sont en fuite. L'un d'eux se serait même envolé pour la France au lendemain du forfait. Les avocats, de la partie civile et de la défense, rencontrés au tribunal de Chéraga, et tenus par le secret d'instruction, se sont gardés de tout commentaire. Les parents de la victime, un industriel et une avocate, ont déclaré, à la fin de la présentation des prévenus devant le procureur général, être “sereins et confiants”. “Nous endurons des moments difficiles, ont-il dit, nous espérons que la loi sera respectée. Nous n'éprouvons de haine envers quiconque mais nous voudrions voir triompher la justice. Cela est important pour nous et pour notre fils”. Etait-il possible de pardonner ? Rien ne nous aurait empêcher de le faire, ont-ils répondu, d'autant que des familles des personnes concernées sont venues nous voir, nous réconforter et demander pardon, ce que nous apprécions beaucoup. Seulement, étant donné que le processus judiciaire s'était déjà enclenché, il ne restait qu'à s'y conformer. “Leur enfant, étudiant à l'Institut national du commerce, a été passé à tabac, mercredi 8 décembre, par ses copains, dont l'un se trouve être le fils du premier responsable de l'Entreprise de gestion touristique du Sahel dont dépend Moretti. Mehdi s'est présenté au tribunal de Chéraga l'œil droit encore bandé, se déplaçant à l'aide d'une béquille et toujours sous le coup du traumatisme subi. Ses parents ont décidé de le faire suivre dans les jours qui viennent par un psychologue afin de l'aider à se remettre rapidement de l'épreuve. Un de ses amis, convoqué à titre de témoin, a affirmé être présent à ses côtés lorsque son autre ami était venu le chercher au domicile de ses parents, à Dély Ibrahim (près de Chéraga) pour l'emmener à Moretti. “J'étais vraiment loin de penser à ce scénario terrifiant, a-t-il regretté. Pour moi, connaissant l'amitié qu'il partage, il s'agissait d'une balade. Hélas !” Le procureur général a confronté la victime à certains des prévenus avant de les laisser tous à l'appréciation du juge d'instruction. Les chefs d'inculpation retenus — par le procureur et demeurés bien sûr secrets — étaient soumis à ce juge, qui devait commencer à instruire l'affaire à partir de 18h environ. Mehdi Sari et les six prévenus devaient être entendus, peut-être aussi confrontés, puis le juge appelé à infirmer ou confirmer les chefs d'inculpation requis par le procureur. L. B.